la feuille volante

Exécution

N°1690 – Novembre 2022

 

Exécution – Pascal Marmet – M+NOIR..

 

Dans le garage en sous-sol du Palais de Justice de Paris, on a assassiné Me Fender, un ténor du barreau. Le vol n’est pas le mobile, les indices sont minces et le commandant Chanel, du « 36 quai des Orfèvres » est chargé de cette enquête qui, compte tenu de la personnalité perverse et sulfureuse de l’avocat d’affaires, fasciné par l’argent et par les femmes et plus particulièrement par le personnage d’Emma Bovary (les citations tirées du roman et mises en exergue de chaque chapitre ne sont pas là par hasard) , devient prioritaire mais s’annonce difficile. Son exécution a été particulièrement sordide et on a même pris soin de balader son cadavre avant de l’abandonner dans ce parking. L’homme était à la fois accroc au harcèlement sexuel de ses secrétaires successives, adepte du fétichisme et l’intérêt qu’il portait à ses conquêtes féminines tenait de la cruauté, de la violence et de l’imaginaire. Ces femmes ont toutes une grande importance dans cette affaire, qu’elles soient manipulées, ou volontaires et la vengeance peut constituer un parfait mobile. La liste de ceux (et de celles) qui auraient pu en vouloir à sa vie est plutôt longue et le contexte judiciaire et personnel très spécial. Cette enquête un peu compliquée se déroule aussi dans un contexte d’attentats terroristes islamistes et antisémites avec une dimension religieuse extrémiste et la pratique de rites sataniques et cartomanciens, ce qui complique quelque peu la tâche des enquêteurs.

Un peu par hasard, Chanel rencontre un jeune homme amnésique aux pouvoirs étranges et le recrute pour l’aider dans ses investigations. On adjoint aussi à son équipe une jeune stagiaire surdouée qui va bouleverser l’ambiance du « 36 » avec sa compétence, ses appuis, son intuition et peut-être faire changer la traditionnelle misogynie du commandant.

J’ai retrouvé avec plaisir le commandant François Chanel déjà croisé dans une précédente enquête (« Tiré à quatre épingles ») et je remercie l’auteur d’avoir favorisé cette nouvelle rencontre. Il me plaît bien ce policier qui se souvient de ses lointaines études de psychologie pour analyser les postures et propos de ses interlocuteurs et en déduire ce qu’il doit en penser. Il mène ses investigations avec compréhension et humanité dans une société hypocrite qui ne reconnaît que la notoriété et la richesse et dont une des règles est le rejet de l’autre, son exploitation voire son élimination. au détriment d’une morale qui en est de plus en plus absente. Il le fait avec méthode, avec cependant d’heureuses contributions professionnelles en essayant de ne pas trop se préoccuper de sa supérieur hiérarchique surnommée « Mlle Maigret » connue pour son côté « pète-sec ». Être sous les ordres d’une femme et de celle-ci en particulier, ne lui plaît en effet que très modérément.

 

J’ai apprécié le style fluide, agréable à lire bien dans le ton d’un thriller, l’architecture du roman aux multiples rebondissements qui tient en haleine le lecteur jusqu’à la fin, les précisions techniques et procédurales de la police, l’analyse psychologie des différents personnages et l’ambiance de ce roman.

 

 

 
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