Les contemplées
- Par hervegautier
- Le 19/02/2024
- Dans Pauline Hillier
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N°1835 – Février 2024.
Les contemplées – Pauline Hillier -La manufacture du livre.
Pour avoir manifesté, en Tunisie, en faveur d’Amina Sbouï, une jeune militante tunisienne, accusée d’avoir accrocher une banderole féministe sur les murs d’un cimetière, et surtout de l’avoir fait « seins nus » aux côtés des Femen dans un pays musulman, Pauline Hillier, une jeune française est arrêtée. Nous sommes en 2013 et cette jeune femme de 26 ans à l’époque est une militante féministe. Elle est incarcérée à la Manouba, « La mangeuse de femmes » selon l’auteure, une sordide prison à Tunis avec pour seul livre en sa possession « Les Contemplations » de Victor Hugo et deux autres femens dont elle ne parle pas. La description qu’elle fait de la vie ici, monotone, routinière, avec sa hiérarchie, sa discipline, ses délations, donne toute la mesure des bassesses dont la nature humaine est capable mais aussi, à travers l’histoire de chacune, celle d’avant leur incarcération et celle qui les a amenées ici, le mépris, les humiliations, la violence qu’elles doivent subir de la part des hommes jusqu’au sein de leur propre famille et en fait le sordide catalogue.
Au départ elle n’est pas vraiment acceptée par les autres détenues parce que son acte de manifester va à l’encontre de leur culture. Pourtant cette promiscuité, le fait qu’elle soit étrangère, font naître une solidarité, une fraternité de partage qui s’organise à son profit autour de ses dons de voyante supposés, elle prend conscience du quotidien fait de ce livre une sorte de d’acte militant à sa manière. Cette crédulité inattendue dans ce don imaginaire lui confère une position privilégiée et lui donne accès d’une manière parfois inattendue à ces femmes qu’elles soient détenues ou surveillantes
L’auteur présente ce livre comme un roman, une fiction. J’y ai plutôt vu un témoignage autobiographique dont le style brut n’a rien de romanesque. Le texte a mûri pendant cinq années, sa vie a changé depuis, mais elle a choisi de manifester son soutien à ces femmes musulmanes, souvent accusées sans preuve, sur simple dénonciation, parfois sur des ragots, de porter témoignage de leur condition dans une société patriarcale qui leur est défavorable et dans cette prison, de les remercier aussi pour la leçon d’humanité qu’elles lui ont donnée.
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