CELLES DE LA RIVIERE
- Par hervegautier
- Le 08/11/2015
- Dans Valérie Geary
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N°985– Novembre 2015
CELLES DE LA RIVIERE – Valérie Geary – Éditions Mosaic.
Traduit de l'américain par Marylin Beury.
Sam, une jeune fille tout juste sortie de l’adolescence et Ollie, encore enfant, jouent au bord de la rivière Crooked. Elles découvrent le cadavre d'une femme flottant entre deux eaux. Les deux sœurs ne s'attendaient guère à ce spectacle qui les bouleverse d'autant plus que cette morte leur rappelle leur mère disparue quelques semaines plus tôt. Depuis, Sam est perdue sans elle mais Ollie est depuis devenue complètement muette comme elle l'avait été quatre ans auparavant à la mort de sa tante Charlotte. A la suite de la découverte du cadavre de la rivière, une enquête et ouverte, menée par l'inspecteur Talbert et dans le pays on se méfie de leur père, un être marginal, surnommé « Ours », qui vivait ans un tipi, ayant abandonné femme et enfants. Pour la police et aussi pour la population de cette petite ville pétrie de préjugés et de rancœurs, il fait figure de coupable idéal. En effet la situation familiale des deux filles était un peu compliquée puisqu'elles n'habitaient plus chez leur père depuis deux ans même si leurs parents n'étaient pas officiellement séparés. Depuis la mort de leur mère elles étaient revenues vivre avec lui. A certains indices les deux enfants finissent par penser que leur père est responsable de l’assassinat de cette femme trouvée dans la rivière et ce d'autant qu'il n'a sûrement pas tout dit. Pour ne pas le perdre comme elles ont perdu leur mère et pour ne pas aller vivre chez leur grands-parents à Boston, elles décident de mentir pour le protéger bien qu'il ait été arrêté comme principal suspect.
Avant que le éditions Mosaic, que je remercie, ne me fassent parvenir ce roman, je ne connaissais pas l’œuvre de Valérie Geary. J'avoue que ce livre m'a quelque peu déconcerté. La page de garde annonce effectivement qu'il s'agit d'un roman mais le premier chapitre donne plutôt à penser que le lecteur va avoir affaire à un « policier ». D'une certaine façon, c'est un peu le cas puisqu'il y a un meurtre, sauf que les fonctionnaires de police font montre d'une particulière inexistence. Les investigations, d'ailleurs fort rocambolesques, sont menées par Sam elle-même qui ne croit pas à la culpabilité de son père, avec toute la naïveté et la spontanéité de l’adolescence dans laquelle elle entre. Et bien entendu en toute illégalité ! Elle est, en cela soutenue, un peu malgré elle cependant, par Ollie qui, bien que muette est adepte des sciences paranormales correspond avec des fantômes et des esprits. Elle voit et entend des choses que les autres personnes autour d'elle ne perçoivent pas. Le roman est assez bizarrement construit qui donne la parole alternativement à Sam et à Ollie et c'est à travers leurs yeux et leurs craintes intimes, leurs rêves, leurs visions que se déroule ce récit. Je veux bien que ceux qui ont perdu un être cher soient l'objet d'hallucinations mais quand même ! Le lecteur découvrira ce récit émaillé de mensonges, de secrets, de on-dit et de non-dits, ce qui épaissit grandement le mystère qui entoure la personnalité d'Ours...
La lettre d'accompagnement indique que ce roman doit beaucoup à la propre histoire de l'auteure. J'avoue que ce détail me laisse dubitatif, entre autobiographie et imagination créatrice. Je note cependant que ce roman m'a tenu en haleine jusqu'à la fin avec un sens particulier et vraiment peu ordinaire du suspens. Il est bien écrit (bien traduit?) et procure une lecture fluide et fort agréable. Au début, certes l'auteure présente les personnages et définit l'intrigue mais il y a des longueurs dues notamment à des descriptions de la nature environnante, des abeilles, ce qui dilue un peu l'attention. J'ai lu ce roman comme un récit initiatique dramatique pour les deux filles qui ainsi quittent l'enfance et entrent de plain-pied dans le monde brutal des adultes. C'est aussi une sorte de deuil de la famille, l'absence de leurs parents que cette histoire raconte pour les deux filles. A titre personnel, je communie à ce genre d'épreuve qui marque durablement l'existence future de ceux qui la vivent. Pour autant l'épilogue lui aussi m'a un peu déconcerté.
Hervé GAUTIER – Novembre 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
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