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la feuille volante

LA FILLE DE MON MEILLEUR AMI

 

N°943– Juillet 2015

 

LA FILLE DE MON MEILLEUR AMI – Yves Ravey Les éditions de Minuit.

 

Au départ, on le trouve plutôt sympathique ce William Bonnet à qui son meilleur ami a demandé, sur son lit de mort, de veiller sur sa fille Mathilde, à la santé mentale précaire et qu'il n'a pas revue depuis longtemps. C'est le genre de promesse qu'on fait, contraint et forcé à cause des circonstances, qu'on regrette peut-être ensuite mais qu'on a l’obligation morale de tenir. Il s'acquitte donc de cette tâche un peu à contre-cœur mais découvre vite que Mathilde est perturbée et imprévisible, qu'elle a eu un fils, Roméo, qui lui a été enlevé par décision de justice et qu'elle souhaite revoir grâce à lui. Cet enfant vit chez son père, Anthony, marié à Sheila qui considère Roméo comme son fils.

 

Même quand il commence à exhiber de fausses cartes pour manéger une entrevue entre Mathilde et Roméo, on se dit que, même si c'est un peu cavalier et à la limite de la légalité, la fin justifie les moyens et qu'après tout William est un type bien, fidèle en amitié et à la parole donnée.

Quand il commence à coucher avec Mathilde, profitant ainsi de sa beauté et peut-être de ses failles et de sa position dans cette affaire, quand sa carte de crédit refuse de fonctionner et qu'il se révèle être un maître-chanteur, un manipulateur, un escroc, un voleur et un être parfaitement cynique, on se dit que la sympathie du départ était peut-être mal placée.

 

Je ne sais pas pourquoi, l'action a beau se dérouler dans l'Essonne, les descriptions dépouillées qui sont faites du décor, la narration un peu sèche et linéaire, le drugstore, le snack-bar, les milk-shakes, le serveur fatigué, la station-service, le motel avec derrière un terrain vague, l'orage qui gronde et ce qui arrive a cet homme et de cette femme qui me semblent cernés par l'ennui, m'ont évoqué les tableaux du peintre américain Edward Hopper. J'ai même eu de la compassion pour eux, surtout pour la fragilité de Mathilde. Pourtant, quand l'action se précipite, je suis sortis précipitamment du tableau, surtout à cause de ce William, dangereusement séducteur... Mais on sent quand même venir l'épilogue même si celui-ci satisfait la morale, heureusement...

 

L'auteur procède par petites touches qui distillent une atmosphère tendue tout en dévoilant l'intrigue petit à petit. Elles entretiennent le suspense jusqu'à la fin dans ce court roman écrit à la première personne.

 

Le style, qui au départ m'a paru impersonnel, sobre, économe en mots, un peu comme celui qu'on rencontre dans un roman noir en me semble pas déplacé dans ce contexte et caractérise l'auteur.

 

Je ne connaissais pas les romans d'Yves avant que le hasard ne mette celui-ci Sous mes yeux. Sans être vraiment conquis, je pense que je poursuivrai ma découverte de cet écrivain.

 

Hervé GAUTIER – Juillet 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com

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