la feuille volante

LA METAPHYSIQUE DES TUBES

N°889– Avril 2015

LA METAPHYSIQUE DES TUBES – Amélie NothombAlbin Michel.

J'avoue que j'ai eu du mal à entrer dans ce livre, une première tentative, il y a quelques mois s'était déjà soldée par un abandon dès les premières pages. Je l'ai déjà dit dans cette chronique, je lis Amélie Nothomb pas vraiment par intérêt mais pour ne pas ignorer une auteure qui fait partie de la littérature, m'en faire une idée et ainsi pouvoir en parler. Au vrai, le titre me paraissait un peu énigmatique. En réalité elle parle d'elle, ce qui, pour un écrivain est une source d'inspiration plutôt classique. Elle le fait entre le jour de sa naissance et sa troisième année alors qu'elle habite au Japon où son père est consul de Belgique. Elle insiste sur la vie végétative qui est celle de tous les nourrissons qui avalent la nourriture à un bout et défèquent à l'autre. Là non plus ce n'est guère original et de là a se comparer à un vulgaire tube, il n'y a qu'un pas qu'elle franchi aisément. De là à en faire une métaphysique, je ne voyais pas trop. Petite dernière d’une famille comportant déjà un frère et une sœur, elle est regardée comme un enfant-dieu, ce qu'elle apprécie, une petite princesse mais dont la plus clair de l'activité se limite à celle d'un tube. Sauf qu'elle ne se manifeste pas et ne consent à s'éveiller à la vie que vers deux ans et encore par le miracle d'une barre de chocolat, belge évidemment. Pour autant, elle décide unilatéralement de devenir japonaise et non pas occidentale, mais bien entendu quand même capricieuse. Elle reste cependant une petite fille qui promène sur le monde qui l'entoure un regard étonné, inquiet, interrogateur, naïf... Pour cela elle s'appuie sur Nishio-san, une servante pauvre qui l'aimera alors que Kashima-san, une autre domestique mais ancienne aristocrate déchue la méprisera, la haïra, et à travers elle l'occident vainqueur de la 2° guerre mondiale.

Elle fait connaissance avec l'eau, ce qui au Japon est un élément important, mais y ajoute pour elle-même des digressions sur le trépas, fait son apprentissage patient et cruel parfois de cette vie et imagine peut-être ce qu’elle lui réserve. Les diverses expériences de la narratrice lui font côtoyer la mort ce qui l'amène à prendre conscience, malgré son jeune âge de l'importance de la vie et de sa fascination pour le suicide ce qui me paraît être plutôt une réflexion d'adulte. Que nous ne soyons que les usufruitiers de notre propre vie me paraît être une révélation évidente mais étrangère à la petite enfance.

Mais les tubes la-dedans, il me semble qu'on en était loin. Ils reviennent peut-être à l’occasion d'un cadeau d'anniversaire sous la forme de trois carpes koï qui, pour elle y ressemblent dans la mesure où toute leur vie se résume à la quête de nourriture. Elle renouera avec ce concept de « tube » « qu'elle n'a jamais cessé d’être » à travers une expérience personnelle un peu surréaliste. Pour elle comme pour tous, le temps passera et elle sera scolarisée à l'extérieur, c'est à dire à être chassée de cette manière de « jardin d'Eden » de l'enfance surprotégée qui a été la sienne jusque là. Je veux bien que l'enfance soit unique mais la dernière phrase « ensuite il ne s'est rien passé » m'étonne un peu.

Que reste-il de ma lecture, le livre refermé ? Je sais gré à l'auteure de m'avoir fait découvrir une partie de la psychologie japonaise qui m'était inconnue, par exemple le fait pour un nippon de ne pas vouloir sauver la vie d'autrui pour la seule raison que ce dernier en serait obligé toute sa vie et perdrait ainsi une parcelle de sa liberté. Je en connaissais pas non plus le Nô, ce chant typique japonais. Ce roman qui se veut parfois humoristique, jubilatoire mais aussi dramatique à l'occasion a l'intérêt d'être, comme à chaque fois, écrit simplement et facile à lire. Je l'ai dit j'ai eu du mal à entrer dans ce roman, mais je n'ai peut-être, une nouvelle fois, rien compris.

©Hervé GAUTIER – Avril 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com

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