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la feuille volante

Quelques mots sur Edward Hopper

 

L A F E U I L L E V O L A N T E

La Feuille Volante est une revue littéraire créée en 1980. Elle n’a pas de prix, sa diffusion est gratuite,

elle voyage dans la correspondance privée et maintenant sur Internet.

 

N°607– Décembre 2012.

Quelques mots du Edward Hopper (1882-1967).

 

Pour moi, au départ, un tableau emblématique et connu à force d'être présenté quand on évoque la peinture américaine (Noctambules, 1942. The art institute of Chicago), l'annonce d'une rétrospective à Paris au Grand Palais d'Edward Hopper qu'on présente comme un célèbre artiste d'outre-atlantique, un article dans une revue littéraire (Le Magazine Littéraire n°525 de novembre 2012) sous la plume de Philippe Besson, un roman (L'arrière-saison, du même auteur) qui évoque ce tableau et qui m'a passionné (La Feuille Volante n°604), m'ont donné envie d'en savoir davantage et d'entrer dans l'univers de ce peintre.

 

Qui était donc ce jeune homme de 25 ans qui est venu à Paris étudier l' impressionnisme qui était à la mode, simplement parce que sa vocation est d'être peintre ? Pourtant la peinture américaine n'existe pas encore vraiment (Norman Rockwell – 1894-1978 en fera aussi partie) et la famille dans laquelle il est né est celle de modestes commerçants d'une petite ville de l'état de New-York . Il aime l'ambiance de la Capitale, le Quartier Latin, les jardins publics, les avenues, les musées et la littérature et la poésie aussi. La France, à l'époque, est le centre du monde culturel et un artiste se doit d'y être.

 

Comme chaque peintre débutant il s'inspire de ceux qu'il reconnaît comme ses maîtres au premier rang desquels figurent Edgar Degas, Pissaro, Renoir, Sisley et bien entendu finit par trouver son propre style. Il y a certes l'influence française qui l'amène à peindre des scènes de la vie parisienne comme la Seine et le Louvre mais il s'intéresse aussi à la photographie et devient francophile et francophone. Il voyage également en Europe, notamment aux Pays-Bas où les maître néerlandais (Veermer et Rembrand etre autre) le passionnent. Quand il rentre aux États-Unis il devient illustrateur, produisant des affiches, des gravures, des eaux-fortes et des aquarelles, mais assez peu d'huiles sur toile. Ce n'est que vers l'entre-deux-guerres qu'il commence à être connu pour son style réaliste et ses paysages américains Le succès est au rendez-vous et il s’installe avec son épouse au cap Cod dans l'état du Massachusetts. L'année 1925 le consacre en tant que peintre et ses toiles entrent dans les musées, notamment au Museum of Modern Art et au Withney Museum Américan Art.

 

De son séjour en France, il ne retient pas l'influence cubiste mais lui préfère le réalisme de Jean-François Millet et de Gustave Courbet. Ce sera en effet une des grandes tendances de son œuvre caractérisée par de larges aplats de couleurs souvent contrastées et des compositions fortement structurées. Pourtant l'article de Besson m'apporte des précisions. Le réalisme de Hopper « n'est qu'apparent et les apparences, comme chacun le sait sont trompeuses : ce sera sa signature  ». Il semblerait en effet qu'Hopper ait souffert d'un sévère problème d'audition ce qui expliquerait, plus sans doute qu'une mésentente conjugale souvent évoquée, l'ambiance qui émane de ses tableaux

 

Ses origines américaines l'influencent peu à peu et, délaissant l’impressionnisme comme il le fera plus tard de la peinture abstraite, il s'oriente vers les paysages ruraux de Nouvelle-Angleterre et du cap Cod, privilégiant la représentation des bâtiments urbains, qu'ils appartiennent aux villes moyennes américaines ou à New-York. Il faut également noter que s'il choisit d'évoquer la modernité par la représentation des routes, voies ferrées et des ponts, il néglige totalement les paysages industriels bien qu'ils soient une composante importante des États-Unis. Il leur préfère la vie quotidienne des classes moyennes, témoignant ainsi d'une sorte d'ambiance immobile et parfois même nostalgique d'un pays qui naguère était riche et puissant et qui peu à peu voit son importance s'amoindrir notamment au moment de la grande dépression.

 

Au départ de son œuvre, il n'était pas portraitiste mais au début des années 30, les personnages, et spécialement les femmes, peuplent ses tableaux. Il poursuivra cette inspiration en donnant de plus en plus de place aux individus, leur instillant une sorte de présence grandissante mais avec une sorte de sentiment de solitude par un effet de juxtaposition. L'expression des visages où peut facilement se lire l'ennui né de l'attente, complète cette ambiance et le dépouillement du décor autour d'eux les transforment en individus anonymes dénués de toute émotion, presque en retrait, perdus dans leurs pensées ou simplement fatigués, impassibles comme s'ils portaient en eux une histoire individuelle impossible à raconter mais cependant dramatique. Ils semblent marqués par une véritable mélancolie voire du sceau de l'incommunicabilité. Le spectateur a facilement l’impression que dans ses œuvres, le temps est comme suspendu avec peut-être une idée sous-jacente d'un certain « paradis-perdu » qui ferait naître un spleen. Dans ces tableaux, les lignes sont épurées, le mobilier réduit à sa plus simple expression ou simplement absent, les paysages de campagne semblent baignés dans une sorte de langueur...Hopper sera en également largement inspiré par la photographie et par le cinéma qui exerceront une influence indéniable sur son œuvre. On peut se rappeler opportunément qu'il a aussi été illustrateur au cours de sa carrière.

 

Il décédera en 1967 à New-York où il avait son atelier.

 

Je reviens à cet article de Philippe Besson qui note que Hopper c'est la douceur mais il précise aussitôt qu'il y a chez ce peintre « une hésitation permanente entre douceur et danger ». Je retiens pour ma part un réalisme caractéristique qui fait l’originalité d'Edward Hopper et qui inspirera beaucoup d'autres artistes américains.

 

 

©Hervé GAUTIER – Décembre 2012.http://hervegautier.e-monsite.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 


 

 

 

 


 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
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