L'HOMME BARBELÉ - Béatrice Fontanel
- Par hervegautier
- Le 10/09/2009
- Dans Béatrice Fontanel
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N°366– Septembre 2009
L'HOMME BARBELÉ - Béatrice Fontanel – Éditions Grasset
C'est une histoire de famille qui nous est narrée ici, l'histoire d'un homme, Ferdinand, héros de la guerre de 14-18, promu officier, décoré pour faits de bravoure et que la deuxième guerre mondiale retrouve au maquis. Inconnu pour ses propres enfants, ceux-ci refont le chemin à l'envers, après sa mort, avec pour toute boussole son livret militaire et la consultation des archives. De Verdun, de Douamont, du Chemin des Dames aux théâtres d'opérations des Balkans et de la Syrie, le lecteur découvre, par le menu, le parcours de cet homme qui aime la guerre [« La guerre, il l'a dans la peau »], un héros à la démarche mécanique inspirée seulement par le règlement et l'obéissance aux ordres, un soldat qui passent à travers les balles qui pourtant fauchent tant des camarades, une sorte de trompe-la-mort qui revient chez lui indemne après ce périple guerrier, presque étonné d'être encore en vie, quelqu'un de compatissant qui sait écouter la détresse des autres. L'entre-deux guerres le rend à la vie civile puis, au cours du second conflit, dénoncé il meurt à Mathausen. L'exploration de ces archives révèle un homme courageux au combat, volontaire pour les missions périlleuses lors du premier conflit et qui, dans le camp nazi, soutient le moral des prisonniers. Avec un luxe de détails, le récit retrace la dureté des combats auxquels Ferdinand a participé, le froid et la faim dans les tranchées autant que la description macabre du camp, entre chambre à gaz et four crématoire qui furent le décor de ses derniers moments.
Mais c'est un père dur pour sa famille et pour sa femme, indifférent envers ses enfants au point que lorsqu'il est arrêté par la Gestapo et que chacun comprend qu'il ne reviendra pas, un de ses fils a cette parole « Enfin une journée tranquille ». C'est révélateur! Je me suis pourtant demandé pourquoi il terrorisait ainsi sa famille. On peut y voir le parcours d'un écorché, à la jeunesse déchirée par la guerre, comme pourrait le suggérer le titre. Je me suis dit que beaucoup de gens sont ainsi. Peut-être ce Ferdinand méritait-il qu'un roman lui rende justice?
Ils nous est présenté comme un homme à double face, un visage drôle et généreux pour les copains à l'extérieur, officier bon pour ses hommes... et pour sa famille un véritable tyran, entre colères et silences peut-être parce que la guerre qui était intervenue par hasard dans sa vie en était devenue sa seule vraie raison d'exister. Alors la paix ne pouvait être qu'un long moment de désœuvrement; ce bon soldat s'est débrouillé pour servir en Syrie après les hostilités de la première guere. Cela avait beau être une histoire banale, au début, je me suis intéressé à ce récit un peu décousu, plein de détails à la fois historiques et banalement quotidiens, pas vraiment bien écrit pour mon goût[Il faut atteindre la première centaine de pages pour que le récit devienne vraiment attachant et plus facile à lire]. Après tout bien des romans sont comme cela maintenant, alors pourquoi pas?
L'originalité de la rédaction tient sans doute au fait que l'auteur donne la parole à divers intervenants pour évoquer la figure de Ferdinand... et ils dessinent à leur manière le portrait de l'homme qu'ils ont connu. Au bout du compte un personnage énigmatique qui pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses.
Je n'ai pas vraiment accroché à ce roman qui n'a pas représenté pour moi ce que je demande généralement à un livre, celui d'être un moment d'agréable lecture.
© Hervé GAUTIER – Septembre 2009.http://hervegautier.e-monsite.com
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