Les petits bonheurs
- Par hervegautier
- Le 22/04/2017
- Dans Bernard Clavel
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La Feuille Volante n° 1127
Les petits bonheurs - Bernard Clavel – Albin Michel.
C'est à une exploration de sa propre mémoire que se livre ici Bernard Clavel, de ces petits moments qui ont fait sa jeunesse pauvre et difficile mais où il voit la source de son écriture, de son inspiration, dans cette maison où il n'y avait pas de livre, à l'exception de l'almanach. Cette enfance jurassienne, même privée de minimum de confort, est heureuse. Il y rencontre des gens simples mais inoubliables, le luthier qui respectait le bois, le tonnelier qui le travaillait avec amour, le cordonnier tout environné de cette bonne odeur de cuir, Popi, le nain bossu, qui venait parfois aider son père, ancien boulanger, dans son immense jardin, la bonne odeur de la soupe, la mère Broquin, ancienne sage-femme « plus barbue de bien des hommes »c et son auto pétaradante, ces petits moments insignifiants vécus par des gens simples qui font la vie heureuse…
Dans son enfance, Il n'a pas quitté sa ville natale de Lons-le-Saunier mais son imagination était déjà en éveil comme ce voyage qu'il a failli faire aux côtés de Paul-Émile Victor, le futur explorateur, qui s'embarquait pour le Groenland sur le « Pourquoi pas ». C'était déjà une invitation à partir pour ce « Nord » qui l'attirait déjà. Son appétit de voyages est aussi aiguisé par les récits de son oncle Charles, un vieux baroudeur des campagnes militaires ultramarines qui nourriront un de ses romans ou du vieux Tonin, ancien conducteur de wagons-lits sur la ligne d'Istambul, son oncle Francis, chef de gare qui écrivait de longues lettres… en alexandrins. Son enfance fut aussi peuplée de contes et d'animaux monstrueux suscités par la lueur palote de la « lampe Pigeon », tout un univers de contes et de légendes qui ont nourri son imaginaire, mais aussi une cohabitations avec des chiens, des chats et des chevaux dont il a gardé le souvenir.
Tout n'a pas été onirique pendant son enfance et il se souvient de l'histoire tragique de la mère Mangnin, une voisine qui préféra mettre le feu à sa maison plutôt que d'en être expulsée. Il parle de sa famille avec des mots émouvants et, se souvenant des sacrifices que ses parents ont fait pour lui, et reprend à son compte cette phrase de Pasteur : « C'est à vous que je dois tout ». L'écriture et le temps qui passe enjolivent tout, certes, mais, sous sa plume son enfance pleine d'imagination et de moments simples a vraiment des accents idylliques.
J'ai toujours eu une tendresse particulière pour cet auteur que j'ai lu bien avant la création de cette chronique, pour la raison simple qu'il a été un authentique autodidacte, un écrivain au talent à la fois familier et émouvant.
© Hervé GAUTIER – Avril 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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