TIRÉ Á PART - Un film de Bernard Rapp
- Par hervegautier
- Le 27/08/2011
- Dans Bernard Rapp
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L A F E U I L L E V O L A N T E La Feuille Volante est une revue littéraire créée en 1980. Elle n’a pas de prix, sa diffusion est gratuite, elle voyage dans la correspondance privée et maintenant sur Internet. TIRÉ Á PART – Un film de Bernard Rapp (1996) (diffusé le samedi 27 aout 2011 sur la chaine Ciné Polar)
Cette histoire est celle d'une subtile vengeance. Nicolas Fabri [Daniel Mesguich], un obscur auteur français qui ne brillait pas jusqu'à présent par son talent, apporte à son ami, l'éditeur anglais Sir Edward Lamb [Terence Stamp], un manuscrit que l'auteur lui présente comme exceptionnel. Connaissant le style et le peu d'intérêt qu'offrent traditionnellement les œuvres de Fabri, Lamb entame sa lecture sans grande illusion mais rapidement il prend un intérêt nouveau pour cette découverte. Non seulement le style est différent mais l'histoire qu'il est en train de lire ne lui est pas étrangère. Fabri y décrit par le menu une histoire d' amour qui a mal tourné et qui s'est conclue, en Tunisie, quelques dizaines d'années auparavant, par le suicide inexpliqué de Farida, une femme qu'Edward avait passionnément aimée. Cette mort avait été por lui, perndant toutes ces années, une énigme obsédante. Pourtant, il fait de la publicité à son protégé mais devant la suffisance de Fabri qui commence à parler de prix littéraire pour son roman, Lamb va profiter de ses relations non seulement pour en proposer la publication par un grand éditeur français, mais aussi, par l'intermédiaire d'une ancienne maîtresse de Fabri devenue critique littéraire très en vue, pour susciter l'intérêt des milieux culturels et artistiques parisiens et ainsi obtenir le prestigieux Goncourt. Dans le même temps, et tout en restant dans l'ombre, Lamb va monter de toutes pièces un scénario attestant sans aucun doute possible la réalité d'un plagiat. Malgré toute sa suffisance Fabri n'y résistera pas.
Sans le savoir Fabri se jette dans la gueule du loup sans se douter qu'il permet à Lamb de mettre en place une vengeance d'autant plus forte qu'elle attend depuis longtemps. Il tient entre ses mains la confession de cet homme responsable de ses amours malheureuses avec cette femme mais surtout Fabri lui déclare que sans cette épisode il n'aurait pas pu écrire ce roman. Dans le même temps le spectateur comprend que c'est précisément cet événement qui a déterminé Lamb à cesser d'écrire. C'est donc à une sorte de jeu de miroirs que ce texte se livre. Ainsi, l'apparition de la fille de la morte qui lui ressemble et porte le même prénom qu'elle et le suicide de cette femme victime d'un viol qui répondra à celui de Fabri qui en a été l'auteur. Lamb qui apparemment fait montre d'un calme très britannique face à la fatuité et à la cupidité de Fabri, est en réalité un bourreau intraitable, animé de la nécessité du châtiment, mais qui veut néanmoins conserver un strict anonymat dans ce processus.
Il s'agit là d'une adaptation inspirée du roman de Jean-Jacques Fiechter. J'ai aimé l'ambiance toute britannique de l'intrigue autant que le développement machiavélique de cette intrigue et l'intensité de la rancune accumulée depuis si longtemps. Ce film est le premier long métrage de Bernard Rapp, disparu en 2006. On le connaissait comme un journaliste de talent, animateur d'émissions à succès comme « l'assiette anglaise » ou « Jamais sans mon livre », d'homme de culture et il convient, à l'occasion de ce film, de se souvenir de lui.
Hervé GAUTIER – Août 2011.http://hervegautier.e-monsite.com
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