la feuille volante

Mariages de saison


 

La Feuille Volante n° 1385 Septembre 2019.

Mariages de saison - Jean-Philippe Blondel - Buchet-Chastel.

Ah le mariage! Même à l'heure du PACS et de l'union libre, il reste malgré tout une institution solide, avec passage devant Monsieur le Maire et devant le curé souvent peu convainquant dans ses propos, avec fête et folklore pas toujours du meilleur goût. C'est en tout cas ce qui fait vivre temporairement en plus de son poste à mi-temps d'assistant d'éducation, Corentin, en rupture d'université qui rêve de cinéma et qui, l'espace de la saison, retrouve son parrain Yvan pour cet emploi temporaire de vidéaste de mariage. Il filme cette cérémonie qui, en principe est "le plus beau jour" de la vie des mariés et il assiste aussi au bonheur, aux sourires, à la fête mais aussi aux dérapages inévitables de cette journée. Une copie de tout cela finit dans ses archives personnelles mais c'est aussi une occasion, quand on les regarde bien des années après de mesurer le temps passé avec son poids de nostalgie et de regrets. Il a vingt sept ans, il est en couple avec Aurore et ce travail serait bien capable de lui donner des idées d'avenir, mais c'est un autre histoire ... Pourtant, quand il croise une inconnue qui lui sourit, il pense toujours, soit qu'il a un ticket avec elle, soit qu'il est victime d'une erreur sur la personne... en privilégiant bien souvent la deuxième solution! C'est qu'il réservé, même un peu timide et hésitant et se contente , faute de mieux, du bonheur des autres en se demandant quand viendra son tour.

Vidéaste de mariage, c'est une fonction assez ingrate, filmer chacun sans oublier personne, se faire discret mais ne rien omettre des grands et des petits moments de cette journée forcément mémorable en en gommant les excès et qui est destinée à rester dans les mémoires. On regardera ces souvenirs bien des années plus tard... C'est aussi une position privilégiée pour observer la nature humaine et, parce qu'il est non seulement derrière la caméra, il lui arrive de recueillir, tel un confesseur ou un psychanalyste, des confidences privilégiées, des serments d'amour d'une femme à destination de son futur époux , le tout gravé sur CD, une sorte de cadeau qui ne durera sans doute lui aussi que "ce que dure les roses, l'espace d'un matin" comme aurait dit Malherbe, mais c'est l’image même de la vie. Cet expérience est une bonne idée que Corentin applique à sa mère, à son père, à son parrain, à son meilleur ami et ce qu'il entend est révélateur.

Il me plaît bien ce Corentin. Il survit comme il peut dans une société qui ne lui plaît pas, où il ne trouve pas sa place. Il voudrait bien s'y insérer, par le mariage qu'il filme pour les autres, mais cela s'avère difficile. C'est un idéaliste un incompris, plus ou moins méprisé par les autres, particulièrement par les femmes. Je ne sais si ce thème du mariage, qui en principe est festif, inspire l'auteur, mais j'ai retrouvé, non d'ailleurs sans un certain plaisir, l'ambiance un peu nostalgique, l'analyse des sentiments humains, à la fois complexes et sensibles, le regard critique posé sur la nature humaine que j'avais appréciés dans un précédent ouvrage qui m'avait révélé son existence. Je m'étais promis d'explorer plus avant son univers créatif et je dois dire que je ne suis pas déçu. Le style est agréable à lire et m'a procuré un bon moment de lecture.


 

 

©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com

 
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