LE DERNIER ETE D'ALAIN FOURNIER-
- Par hervegautier
- Le 09/02/2015
- Dans Michel Barranger
- 0 commentaire
N°865– Février 2015
LE DERNIER ETE D'ALAIN FOURNIER- Michel Barranger – Bernard Giovanangeli Editeur.
Henri-Alain Fournier a 27 ans en août 1914. Son premier roman « Le Grand Meaulnes » qui vient de paraître, a manqué de peu le Prix Goncourt, il vit une passion amoureuse avec une belle maîtresse et a devant lui une future carrière d'écrivain à succès, jetant les bases de sa deuxième œuvre, « Colombe Blanchet », qu'il ne pourra malheureusement pas achever. Pourtant il pressent la guerre qui vient, et selon une affirmation qui m'a toujours étonné, veut la faire comme combattant alors qu'on lui offre un poste d'officier d’état-major. Il n'est pourtant ni militariste ni revanchard mais il a aussi l'intuition qu'il n'en reviendra pas ! C'est donc comme sous-lieutenant de réserve, incorporé au 288° Régiment d'infanterie, qu'il quitte le sud de la France pour le front de l'Est, mais il n'a plus que quelques semaines à vivre et cet été sera pour lui, comme pour beaucoup d'autres, le dernier de sa vie. Du point de vue stratégique, il sera la victime de cette éphémère mais meurtrière guerre de mouvement, avec d'incessantes attaques et contre-attaques qui a marqué le début du conflit. Y succéderont quatre ans de guerre de position, symbolisée par les « tranchées ». Déclaré « Mort pour la France », le lieutenant Fournier a été décoré à titre posthume de la Croix de guerre avec Palme et de la Légion d'Honneur. Il est tombé comme son ami Charles Peguy et leur nom figure sur le mur du Panthéon dans la liste des écrivains morts pendant la Grande Guerre.
Je ne sais pas pourquoi j'ai pris ce livre au hasard sur les rayonnages d'une bibliothèque. Peut-être à cause du nom et de la photo d'Alain Fournier, écrivain qui avait bercé mon enfance avec son unique roman, peut-être à cause de la polémique qui avait soutenu son exécution sommaire par les troupes allemandes et son inhumation à la va vite dans une fosse commune, ce qui aurait constitué un crime de guerre. Cette controverse, née de la découverte en 1991 du lieu de la sépulture sommaire des soldats tués, est maintenant heureusement close. Je ne sais pas pourquoi, je m'attendais à un ouvrage littéraire mais en réalité ce livre est un travail respectable d'archiviste qui s'appuie sur des témoignages de soldats, des rapports d'officiers retraçant les derniers moments de l'écrivain berrichon. Il a été, selon l'auteur, fauché le 22 septembre à la tête de la section qu'il commandait, en combattant ; l'espérance de vie des officiers subalternes, marchant devant leurs hommes en opération, était, à l’époque des plus brèves. Dans cet ouvrage on apprend les mouvements de troupes, ce qui peut intéresser un historien spécialiste de l'armée (ce que je ne suis pas), on prend connaissance des différentes relations parfois contradictoires dans les deux camps, des événements de cette journée avec tout ce qu'elles peuvent avoir d'approximation compte tenu de la violence des combats, de l'honneur du régiment, du devoir de réserve, de la volonté de cacher des éventuelles bavures ou manquements au devoir de combattre...
L'auteur du présent ouvrage, Michel Baranger, a été pendant quinze années le secrétaire de l'association des amis de Jacques Rivière et d'Alain-Fournier, Jacques Rivière étant le beau-frère de l'auteur du « Grand Meaulnes ».
Le style qui n'a rien de littéraire et ce livre s'attache simplement à rendre hommage à cet écrivain mort héroïquement. Il remplit parfaitement son rôle.
Ce livre historique est publié l'année du centenaire de la Grande Guerre et s'inscrit effectivement dans ce mouvement de la mémoire.
©Hervé GAUTIER – Février 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Ajouter un commentaire