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la feuille volante

LA POSSIBILITÉ D'UNE ILE - Michel HOUELLEBECQ

 

N°358– Aout 2009

LA POSSIBILITÉ D'UNE ILE – Michel HOUELLEBECQ - Fayard.

 

Michel Houellebecq fait partie des écrivains que je lis parce qu'on en parle et que je ne veux pas délibérément ignorer ce qu'il fait, mais, franchement, dans ses livres, je ne retrouve pas ce qui doit être à mes yeux la justification de chaque lecture : le plaisir.

 

Pourtant, je suis plutôt favorable à ceux qui, d'une manière ou d'une autre cherchent à faire évoluer les choses, au cas particulier la littérature, dans un sens moins conventionnel. Mais là, je ne comprends pas et ce d'autant plus que j'entends dire qu'il s'agit d'un écrivain incontournable. Alors pourquoi? Cela réside-t-il dans le thème de ce livre à succès? J'ai donc tenté de comprendre. Il s'agirait d'un récit dont l'action se passe à la fois maintenant et dans le futur que l'auteur déroule à travers la vie de Daniel, héros antipathique, misogyne mais obsédé par le sexe. Pour souligner la course du temps, l'auteur annote ses chapitres de Daniel 1 à Daniel 25...les derniers étant le résultat de clonage de l'original par la secte des Elohimites dont le but apparent est d'échapper au temps , à ses dérives consuméristes.[Daniel 25 commentant largement la vie de Daniel 1] et de promettre la vie éternelle à ses adeptes.

 

Je me suis vite lassé de son style pas vraiment à mon goût, de l'histoire aussi, un peu longue et décousue, pleine de citations volontairement provocantes où l'auteur se veut avant tout avant tout le contestataire de la société contemporaine. Même si la critique peut parfois être constructive et pourquoi pas intéressante, je comprends mal qu'on en fasse ainsi le sujet d'un roman... Enfin pas écrit de cette façon. Je l'ai ressenti comme si, dans cet ouvrage, il souhaitait traiter des thèmes personnels et effectivement actuels et laisser le soin à ses lecteurs d'en débattre, en n'oubliant pas de parsemer ses paragraphes d'une coloration sexuelle et parfois même pornographique. Cela ne me gêne pas à priori, même si je choisis d'y lire une sorte d'impossibilité ainsi exorcisée, mais à la fin, cela devient un peu obsessionnel! Aborder pèle-mêle Dieu, le racisme, le clonage, les relations sociales basées sur l'argent et la réussite, les liaison difficiles qu'il a avec les femmes[son amour pour elles est à la fois passionné et irréalisable à cause sans doute de l'érosion du désir], le phénomène sectaire... sont certes des thèmes qui reflètent l'image de notre société pas si brillante que cela, et les traiter à sa manière, c'est à dire avec un mélange de cynisme et de provocation ne me gêne pas, au contraire. Le fait que l'opinion publique ait si vite réagi est sans doute un signe. Se sentir mal dans cette société au point d'en éprouver de la mélancolie et même «  une apathie languide et finalement mortelle » de désirer un ailleurs baudelairien incarné par les sectes, «Il existe au milieu du temps  la possibilité d'une île », au point d'en arriver au suicide me parait pourtant actuel et ,pourquoi pas défendable, même si tout cela n'est pas vraiment original.

 

J'admets que tout cela est argumenté, avec de nombreuses références pertinentes et j'espère que la critique de l'Islam, déjà abordée dans « Plateforme » et ses propos qui lui ont valu un procès ne finiront pas par provoquer une fatwa? Cela ne lui déplairait sans doute pas puisqu'on parlerait de lui. Il me semble que ce qu'il cherche est avant tout à être un phénomène médiatique avant d'être un auteur ... et d'espérer qu'il finira par le devenir malgré tout. C'est peut-être l'unique but recherché et si c'est le cas, cela me paraît un peu dommage. La littérature me paraît mériter autre chose.

 

J'admets être peut-être passé à côté de quelque chose, à cause du style sans doute qui me paraît terne, pauvre et sans véritable intérêt, incapable en tout cas d'accrocher ma curiosité, [Après tout je revendique toujours ma qualité de simple lecteur] mais j'ai quand même du mal à m'enthousiasmer pour l'œuvre de Houllebecq. Il est vrai que je ne fais pas partie de ses inconditionnels et que, à la suite de cette lecture, on ne comptera assurément pas dans leurs rangs.

 

 

©Hervé GAUTIER – Aout 2009.http://hervegautier.e-monsite.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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