LE LINGE SALE
- Par hervegautier
- Le 30/09/2014
- Dans Pascal Rabaté
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N°808 – Septembre 2014.
LE LINGE SALE - Pascal Rabaté – Sébastien Gnaedig – Vents d'Ouest.
Ce que c'est quand même que la distraction. Voulant occire sa femme, Lucette, et son amant, Pierre Martino se trompe de chambre d'hôtel, tue un autre couple également illégitime et écope de la perpétuité. Cela fait de lui non seulement un cocu mais aussi un assassin. Elle avait choisi pour partenaire ce qui se faisait de pire dans ce village près de Cholet, alors que son mari est un type bien. C'est un malchanceux ce Pierre. Il avait tout pour être heureux, un bon métier, une maison confortable dans ce petit coin de province catholique et bourgeois, tout sauf sa femme qui ne pouvait s'empêcher de le tromper avec n'importe qui, pour le plaisir peut-être mais aussi pour humilier ce mari qui était amoureux d'elle. On imagine que pendant son absence, elle ne pouvait s'empêcher de s'afficher avec ses amants sans le moindre complexe. Le plaisir sexuel devait bien être une motivation suffisante pour Lucette puisqu'elle choisit d'épouser son amant et de fonder avec lui une famille mais surtout de vivre dans un bouge au milieu d'un clan de marginaux où les pratiques sexuelles sont liées à la promiscuité et à l’absorption immodérée d'alcool. C'est qu'elle n’imaginait pas revoir ce mari qui, pourtant, est libéré au bout de vingt ans pour bonne conduite et se jure bien de finir le travail en exterminant toute la tribu de cette mafia locale, les Verron.
Pour Pierre la vengeance est un plat qui se mange froid et même, en ce qui le concerne, faisandé. C'est vrai que pendant 20 ans en taule il a eu le temps de penser à tout cela, et puis cette libération inespérée tombe plutôt bien pour lui. Il revient donc dans une ville où personne ne le reconnaît, se fond dans le décor, forcément après vingt ans on change et surtout on oublie. C'est un méthodique ce Pierre. Il étudie les lieux dans lesquels vivent les Verron, leurs habitudes, toujours en marge de la légalité, leurs postures querelleuses, et les exploite. C'est vrai qu'on a de la sympathie pour Pierre, qu'on souhaite qu'il réussisse, qu'on applaudit à la naïveté voire à l'imbécillité des Verron. Ils sont d'ailleurs bien croqués à travers des dessins en noir gris et blanc, fort peu avantageux et des dialogues un peu grinçants où j'ai choisi d'y voir l'empreinte de Michel Audiard [« On est en chaleur eh bien je refroidis »] Il ne manque ni l'alcool ni les expressions caractéristiques de cette frange de la population et le suspens est entretenu tout au long du récit. Quant à l'épilogue, il est à l'image de la réalité et pas forcement à celle qu'on attend.
Je ne suis pas familier des BD. Le film de Pascal Rabaté (« Ni à vendre ni à louer » - La Feuille Volante n° 532) ne m'avait pas vraiment convaincu, mais ici, j'ai bien aimé.
©Hervé GAUTIER – Septembre 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
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