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la feuille volante

Hammerklavier

N°1911(1)– Juillet 2024.

N°1911– Juillet 2024.

Hammerklavier – Yasmina Reza – Albin Michel.

Ce sont des souvenirs personnels un peu disparates que l’auteure choisit d’évoquer ici, celui de son père jouant l’adagio d’Hammerklavier mais aussi de son amie Marta. Ils sont morts et elle échange avec eux des propos post mortem sur la fuite inexorable du temps qui ravage toutes les choses humaines, transitoires et fragiles, sur le goût qu’on peut avoir pour la vie, pour les livres qui en retiennent la trace et la mémoire mais en soulignent aussi la perte. Il y a une sorte d’obsession pour cette vie au point de vouloir la faire perdurer par delà la mort, comme les religions, avec leurs rituels, leurs interdits et leurs dogmes tentent de nous le faire croire. Cette chimère de la continuation de la vie par delà la mort est légitimée par les moments de joie qu’elle nous procure même si nous gommons volontairement les autres par cette volonté irraisonnée de faire échec au trépas le plus longtemps possible, même si nous faisons semblant de déguiser notre nostalgie avec un décor artificiel, même si notre quotidien s’impose à nous et si le vieillissement joue contre nous, est synonyme d’abandon, de solitude. Il y a une peur de la mort qui nous frappe quand nous y attendons le moins, une phobie de l’au-delà et de son mystère, une obsession du temps qui passe parce qu’il est notre ennemi. Il nous mène vers notre disparition sans que nous y puissions rien. Que nous l’acceptions ou la redoutions, elle est notre terme et ce malgré notre attachement que nous pouvons avoir pour l ‘existence. L’auteure est une femme de lettres mais elle n’ignore pas que la notoriété dont elle jouit de son vivant ne résistera pas longtemps face au temps qui passe parce que l’espèce humaine est amnésique. Elle a des remarque sur l’écriture, l’art et la culture qui me laissent perplexe comme beaucoup de ses livres.

Nous ne faisons qu’un bref passage sur terre, le plus souvent anonyme malgré nos complexes de supériorité, notre sens de la logique, la part sombre de nous-mêmes, notre volonté de paraître et d’aimer...Je retire de cette lecture une impression pesante.


 


 

 
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