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la feuille volante

Pelles et râteaux

 

 

 

 

N°540 – Septembre 2011

PELLES ET RÂTEAUX – Christophe Duchâtelet – Calmann-Lévy.

 

 

D'emblée, le titre évoque davantage un traité de jardinage ou une aimable fiction familiale autour des jeux de plage ou des bacs à sable. A lire le sous-titre, « stratégies d'un séducteur », on pense plutôt à la chanson de Dutronc, voire de Nougaro et on s'attend aux habituelles remarques sur le sujet, pas vraiment originales et qui ont beaucoup servi... Et ce d'autant que la dédicace « Aux copines » ne laisse pas longtemps planer de doute.

Qu'avons-nous ? Mathieu, la trentaine, tout juste séparé de Clara, la mère de Luna. Comme il se doit de nos jours, cette séparation s'est faite sans heurt « On a rompu en douceur. Sans déchirement. Du travail de pro » Normal, on est moderne ou on ne l'est pas ! Dans la vie, il exerce le dur métier de « nègre », c'est à dire « d'écrivain fantôme » et même s'il fait remarquer que Jésus lui-même « a sous-traité à distance ses écrits grâce aux évangélistes » le lecteur sent bien que le compte n'y est pas, qu'il fait ce métier un peu par défaut comme la plupart d'entre nous, qu'il voudrait bien écrire enfin sous son propre nom, que d'ailleurs, il n'aime guère ni les écrivains ni son éditeur. Il n'empêche, la réalité rattrape notre héros, sous la forme d'un réfrigérateur vide, de menus sans grande originalité et qui brillent surtout par leur répétition, d'une vie maintenant dédiée aux tâches ménagères et quotidiennes qu'il laissait volontiers à son épouse, à la solitude plus ou moins imposée par les événements et à l'abstinence sexuelle tout juste interrompue par quelques conquêtes... Et par le « droit de visite », c'est à dire celui de voir sa fille « un week-end sur deux » suivant l'expression et de l'emmener se divertir au square le plus proche, au bac à sable précisément.

Mathieu se veut séducteur et ne néglige rien de son apparence physique, de sa réalité psychologique pour sortir de cette situation de « célibataire anonyme »...La drague à des raisons que la raison ne connait pas, pour paraphraser une citation célèbre ! Il y a bien Fadela, étudiante tunisienne qui rêve de changer le monde et qui veut régler leur compte aux islamistes intégristes de son pays. Pourtant l'idéalisme, ce n'est pas son truc à Mathieu et puis c'est sans doute un peu trop compliqué !

 

Par hasard, au Parc Monceau, il rencontre Isabelle, la belle maman de Maximilien, qu'il rêve, évidemment de mettre dans son lit, ou d'aller dans le sien. Mais voilà, elle est mariée. Ce qui peut encore le sauver, ou plus exactement sauver son projet avec elle, c'est qu'elle se pique d'écrire un roman et qu'elle compte bien sur lui pour en être le premier lecteur et même la collaborateur, quitte à partager avec lui la vedette d'un futur succès littéraire. Elle lui offre même de l'argent, ce qui égare un peu l'érotisme potentiel de leurs relations. Et puis, dans ce domaine si les hommes proposent, ce sont les femmes qui disposent (air connu). Mais voilà, leurs rencontres sont perpétuellement polluées par la silhouette à la fois inquiétante et mystérieuse d'un homme à la cravate fuchsia dont il ne sait exactement qui il est. De plus, le mari d'Isabelle ne goûte pas les velléités littéraires de son épouse. Cela peut toujours cacher quelque chose. Et puis, Isabelle n'est pas toute seule dans le tableau de chasse potentiel de Mathieu, la simple vue d'une paire de fesses féminines à la piscine le met dans tous ses états, il voudrait bien avoir son tour dans la lit de sa voisine du dessus qui collectionne les amants et Éléonore, l'intellectuelle de service ne le laisse pas indifférent ! Il y a comme cela des conquêtes sans lendemain, des tentatives avortées, des fantasmes refoulés, des histoires d'amour qui finissent mal, c'est à dire qu'elles ne sont suivies d'aucune conclusion, comme on dit, ou alors éphémères ou durables. Alors, pourquoi pas ériger le célibat en œuvre d'art ?

 

J'ai bien aimé l'humour de l'auteur autant que sa façon d'écrire, spontanée et sans artifices littéraires ni effets de style, érotique parfois, et moderne à souhait. Cela change un peu ! Même si son donjuanisme peut paraître un peu poussé à l'excès et s'apparente à de la frime.

Il fait une allusion appuyée à la  « Revue Perpendiculaire » qu'il a créée et animée, ce qui est bien normal mais n'apporte rien à son voyage autobiographique de père-célibataire-séducteur-névrosé-obsédé sexuel insatisfait. Il met en perspective la détresse masculine d'après séparation dans l'épisode du groupe de parole où chacun se libère de ses obsessions, de ses souffrances et peut-être de ses fantasmes, entre la peur des licenciements professionnels et la conquête du bonheur, de l'épanouissement personnel. Il a eu le courage de mettre en scène la séparation du côté paternel, le sujet étant bien souvent traité et présenté sous l'angle maternel. C'est une manière de prendre conscience du problème qui est réel et aussi peut-être une tentative de faire évoluer les mentalités, de poser la question de la sexualité qui est, elle aussi, une question brulante pour chacun. L'occasion d'en rire en tout cas (au lieu peut-être d'avoir à en pleurer)! Et cet humour là, cette arme contre l'adversité, j'aime bien !

 

 

 

© Hervé GAUTIER – Septembre 2011.http://hervegautier.e-monsite.com

 

 

 

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Commentaires

  • mily
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