la feuille volante

La maison de rendez-vous

N°1869– Avril 2024.

 

La maison de rendez-vous – Alain Robbe-Grillet – Les Éditions de Minuit.

Kong-Kong dans les années 20, c’est, pour le béotien que je suis l’objet d’idées reçues voire de fantasmes, le jeu, l’argent, les réceptions, les trafics, la drogue, l’espionnage, la prostitution... Le narrateur dont nous ne saurons rien nous raconte une histoire bien étrange qui commence dans une maison de luxe, la Villa Bleue où se donnent de bien singuliers spectacles, gouvernée par la non moins étrange Lady Ava aux précieux chiens noirs. Il nous fait partager son admiration pour la beauté des femmes eurasiennes et leurs robes érotiquement fendues, croise des personnages au comportement bizarre qui pour certains meurent assassinés, le tout dans une ambiance à la fois raffinée de cette maison de rendez-vous et la saleté des rues chinoises, le petit peuple des coolies, les fumeries d’opium, le trafic de filles mineures, les tentatives empoisonnement, les chantages, les policiers véreux, les escroqueries en tout genre, les crimes camouflés en accident qui égarent le lecteur qui finit par le plus rien comprendre. Égaré, le pauvre lecteur l’est en effet puisque dans ce récit labyrinthique et parfois contradictoire, ce même narrateur raconte plusieurs versions d’une même histoire, donnant une explication beaucoup plus terre à terre des faits antérieurement relatés, révélant la vraie nature des gens, transformant les lieux auparavant décrits et détruisant ainsi l’ambiance moite patiemment tissée. Dans les diverses descriptions qu’il fait, notamment des femmes, il sollicite même l’imagination du lecteur, si celui-ci veut bien entrer dans son jeu. Robbe-Grillet tient même à apporter quelques précisions audit lecteur avant qu’il ne lise ce roman.

Je poursuis mon exploration du « nouveau roman ». Je suis de plus en plus perplexe.

 

 

 
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