Tre piani
- Par ervian
- Le 22/08/2025
- Dans Cinéma italien
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La Feuille Volante - N° 2008 – Août 2025.
Tre piani (trois étages) – Un film de Nanni Moretti.(2021)
C’est une page d’histoire de quatre familles qui habitent un même immeuble dans un quartier de Rome. Au rez de chaussée, Lucio (Riccardo Scamarcio) et Sara (Elena Lietti) confient souvent leur fille de sept ans, Francesca, à leurs voisins de palier, Giovanna (Anna Bonaito) et Renato (Paolo Graziosi), un couple âgé. Au premier étage vivent Monica (Alba Rohrwacher) qui est enceinte et Giorgio (Adriano Giannini) souvent à l’étranger à cause de son travail ; son épouse combat comme elle le peut sa solitude forcée tout en redoutant d’être, comme sa mère, atteinte de troubles mentaux. Dora(Margherita Buy) et Vittorio (Nanni Moretti), tous deux magistrats, vivent au deuxième étage avec leur fils Andrea, vingt ans (Alessandro Sperdutti).
Un soir Renato disparaît avec Francesca mais bien qu’ils soient retrouvés Lucio craint que sa fille ait été victime du vieil homme qui déclare ne se souvenir de rien et sa crainte tourne à l’obsession au point qu’il l’agresse sur son lit d’hôpital. Une nuit, en état d’ébriété, Andréa, au volant de sa voiture, tue une femme et supplie ses parents de lui éviter la prison.
Ces histoires n’ont rien à voir les unes avec les autres mais la vie de cet immeuble où vivent ces familles de générations différentes qui s’y côtoient en est forcément affectée. En réalité ces gens habitent le même immeuble mais ne font que s’y croiser et chacun demeure avec ses problèmes, Andrea qui déplore l’intransigeance de son père et la soumission de sa mère, Lucio qui est obsédé par ce qui a pu arriver à sa fille mais qui a une aventure avec Charlotte (Denise Tantucci), petite-fille de Giovanna et Renato, Monica qui accouche seule et se débat au quotidien en l’absence de son mari et finit par basculer dans la solitude des troubles mentaux à l’image du corbeau qui devient de plus en plus obsédante.
Comme ces histoires, les thèmes s’entremêlent, soulignant les relations entre les différents personnages, l’intransigeance rigide des hommes, la douceur humaine des femmes, la faute, la culpabilité face à ses propres actions, la justice qui punit, les enfants qui naissent, grandissent, deviennent indépendants et quittent le cocon familial, la difficulté d’être parents, les vivants qui parlent aux morts pour se moquer de la destiné, les gens qui s’aiment et ceux qui se détestent, le temps qui passe (le film se déroule sur 10 ans), le pardon (peut-être ou peut-être pas),l’amnésie qui est le propre de la nature humaine et la vie qui continue, une photographie de la société dans laquelle nous vivons tous. à l’image finale de la « milonga », en forme de « happy end », dansée par des Romains dans la rue, spectacle auquel assistent la plupart des acteurs de ce drame mais qui vont bientôt partir vers un avenir nouveau. J’y vois l’image de la légèreté des choses, le symbole du « vivre ensemble » dont je ne suis pas sûr qu’il existe vraiment au moment où une étincelle, même minuscule, est capable de faire exploser le monde qui nous entoure, pourtant patiemment construit part les générations précédentes.
C’est l’adaptation du roman de l’écrivain israélien Eshkol Nevo mais qui ne remporta aucune récompense au 74° festival de Cannes où il était en compétition. Sa sortie a été certes gênée par la pandémie de covid 19, et Moretti en fut affecté, pire peut-être la critique a été très partagée face à son treizième long métrage, sorti 20 ans après « La chambre du fils » qui avait obtenu la palme d’or.
J’ai pourtant bien aimé de film que j’ai trouvé particulièrement émouvant.
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