Le colibri
- Par hervegautier
- Le 04/05/2023
- Dans Francesca Archibugi
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N°1741 – Mai 2023
Il colibrì ( Le colibri)– Un film italien (coproduction franco-italienne) de Francesca Archibugi (2022)*.
Ce film est une adaptation du roman homonyme de Sandro Veronesi, couronné en 2020 par le Prix Strega. Cet ouvrage, expérimental dans la forme, a la caractéristique d’être destructuré en ce sens que son auteur ne respecte pas la linéarité narrative. C’est une histoire compliquée d’amour et de vie, déclinée sous forme de nombreux flash-back où le spectateur se perd un peu entre survivance à un accident d’avion, un problème de culpabilité, des amours chastes, des parties de poker...
Au début, un ophtalmologue, marié et père de famille, Marco Carrera (Pierfrancesco Favino), surnommé « Le Colibri » par sa mère à cause sans doute d’un retard de croissance mais surtout parce que cet oiseau a la caractéristique de rester à la même place et même de voler à reculons en bravant les changements, apprend de la bouche de Daniele Carradori (Nanni Moretti), le psychiatre de sa femme Marina (Kasia Smutniak) que celle-ci le trompe. Cette révélation, déontologiquement interdite, met en exergue le destin compliqué de Marco, qui a peut-être toujours voulu refuser l’évidence, qui cherche à résister aux coups que le sort lui envoie. Sa femme est jalouse et cette jalousie est justifiée par le fait que Marco a effectivement une maîtresse, Luisa (Bérénice Bejot), elle-même mariée, mais cet amour qui remonte à l’adolescence est platonique, fait de courriers amoureux et seulement de sages baisers sans qu’aucun des deux ne se résolve à obtenir le divorce et à vivre cette liaison au grand jour, un peu comme si cette règle du jeu amoureux était un gage de survie pour tous les deux. A partir de ce moment, il explore sa mémoire, remonte le temps en évoquant les personnages qu’il a croisés. C’est son frère avec qui il a des relations compliquées au point de ne plus lui adresser la parole à cause du suicide de leur sœur mais surtout les femmes, la sienne qui finit par lui avouer qu’elle ne l’a jamais aimé et qui obtient le divorce, son amoureuse avec qui il vit un amour passionné, sage mais secret, sa fille, perturbée par la certitude d’avoir un fil invisible dans le dos qui la retient(cette obsession la suivra jusqu’à la fin), sa sœur qui se suicide, puis sa petite-fille de qui il choisit de s’occuper seul parce qu’elle est sans doute, à ses yeux, celle qui peut racheter toute la tragédie de sa vie.
Dans cette histoire se bousculent l’hypocrisie des liens familiaux et matrimoniaux, l’adultère, la culpabilité, la résilience, le mensonge, le pardon, le deuil, mais aussi la maladie et la mort. Pour autant je ne suis pas bien sûr que Marco mérite son surnom jusqu’à la fin puisqu’il choisit lui-même de mettre volontairement un terme à son drame personnel, refusant en quelque sorte de se laisser encore ballotter par un destin funeste, un peu comme si, épuisé, il renonçait. Car c’est la Camarde qui s’invite aussi dans sa vie, à travers notamment le suicide de sa sœur, Irène, l’accident mortel de sa fille, ce qui dans sa vie inverse le cours naturel des choses et qui impose aux parents le deuil de leur enfant.
Un film qui interroge le spectateur et assurément ne le laisse pas quitter la salle indemne.
*Film présenté dans le cadre de Cinetalia- Premier festival du film italien à Niort.
A propos de ce premier festival de cinéma, qui je l’espère sera suivi par d’autres les années suivantes, j’en profite pour signaler aux amoureux de l’Italie et de la langue italienne l’existence de « Il Botteghino », un bulletin d’informations bilingue, uniquement diffusé sur internet (italscene@hotmail.com)
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