Une vie
- Par hervegautier
- Le 10/02/2024
- Dans Guy de Maupassant
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N°1832 – Février 2024.
Une vie – Guy de Maupassant – Librio.
Jeanne, 17 ans, la fille unique du baron et de la baronne Le Pertuis des Vauds sort du couvent où elle recevait une éducation chrétienne comme c’était l’usage à l’époque dans la noblesse. Ses parents organise sa vie dans leur château normand en espérant bien la marier et avoir ainsi une descendance. Un peu par hasard, elle rencontre le vicomte Julien de Lamarre et ils se marient rapidement . De l’amour elle ne connaissait que celui que chantent naïvement les poètes dans leurs quatrains mais, petit à petit, elle prend conscience du vrai visage de ceux qui l’entourent, gouverné par l’hypocrisie, le mensonge, la trahison, l’adultère, une autre vision des choses, inattendue pour elle, ce qui est bien souvent l’ordinaire de la famille et du mariage. Son mari se révèle un être pingre, autoritaire, volage, sa mère moins vertueuse qu’elle ne l’aurait pensé... Ainsi se tourne-t-elle vers l’église et Dieu comme une compensation ce qui n’est pas sans accentuer le sentiment de solitude qui peu à peu envahit sa vie.
Maupassant bien qu’il ait mené une vie parisienne quelque peu libertine aimait revenir dans sa Normandie. Il y retrouvait ses racines et son décor. Il se souvient du séjour qu’il fit dans un établissement confessionnel d’Yvetot, et dont il fut exclus pour écrits licencieux à travers la figure de deux curés. L’un d’eux, l’abbé Picot, vieux, tolérant et débonnaire semble avoir sa préférence, l’autre, l’abbé Tolbiac, jeune, mystique autoritaire et inquisiteur souhaite moraliser cette paroisse rurale. Il ne plaît guère à l’auteur qui qui donne de lui une image déplorable et règle ainsi quelques comptes avec l’Église.
Que penser de cette vie qui ne fut jamais heureuse et dont il est difficile d’imaginer qu’elle ne tient que de la fiction ? Que le malheur s’acharne sur certains êtres alors qu’il en épargne d’autres, qu’il existe des mariages, arrangés ou non, dont l’amour est absent ou qu’il déserte rapidement, qu’il ne faut pas longtemps pour que le conjoint qu’on croyait connaître se révèle sous son vrai jour à travers l’hypocrisie, la trahison, l’adultère, la violence, que les enfants ingrats pour qui on se sacrifie désertent le foyer ou font simplement leur vie ailleurs, que le destin funeste mène ainsi son cours dans une vie où les apparences se révèlent trompeuses et où le fatalisme finit par l’emporter malgré la vie qui naît et l’avenir qu’on croit pouvoir maîtriser, tout cela est une réalité contre laquelle nul ne peut rien,
En digne héritier littéraire de Flaubert et de Zola, Maupassant nous offre de belles descriptions de la nature, de la campagne, du bord de mer, de la montagne… Il se révèle aussi être un témoin de son temps mais aussi un fin observateur de la nature humaine dans tout ce qu’elle a de détestable, de perfide.
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