SEPT CAVALIERS QUITTERENT LA VILLE AU CREPUSCULE - Jean Raspail
- Par hervegautier
- Le 08/06/2009
- Dans Jean Raspail
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N°229
Septembre 2000
SEPT CAVALIERS QUITTERENT LA VILLE AU CREPUSCULE – Jean Raspail – Editions Robert LAFFONT.
Cela commence, l’auteur me le pardonnera sûrement, d’une manière banale « Sept cavaliers quittèrent la ville au crépuscule, face au soleil couchant, par la porte de l’ouest qui n’était plus gardée ».
Et pourtant, cette simple phrase m’a dès l’abord accroché, m’invitant à en savoir davantage et m’a abandonné deux cent pages plus tard à la fois surpris et passionné d’avoir été le témoin de cette chevauchée.
Dès les premières pages, le décor est planté, un pouvoir vieillissant qui ne tient son autorité que d’un passé révolu. L’auteur la nomme du titre énigmatique de « Margrave héréditaire ». Son ombre plane sur le texte comme plus tard celui de sa fille Myriam après la mort de son père.
Tout le pays semble désorganisé, ses habitants paraissent avoir fuit un ennemie invisible ou avoir été décimée par quelque mal étrange… Seuls quelques fidèles entourent le souverain. Il fallait donc aller voir la raison de toute cette déchéance. La ville dont ils partent a, comme tout le pays a été prospère, mais il ne reste rien de cette grandeur.
Ce voyage pour le moins étrange conduira la petite troupe vers Sépharée, sorte de poste frontière au nord de cette étendue mal définie, un ailleurs assez indistinct.
Puisqu’il s’agit d’un voyage, il y a donc une géographie, mais cela n’a vraiment qu’une importance secondaire. Elle est nécessairement vaste, presque comme un continent, ravagée par une épidémie inexpliquée ou une invasion dont nous ne devinons les ennemis que presque par hasard.
Des personnages qu’on pourrait appeler « résistants » apparaissent et disparaissent comme des elfes ce qui ajoute à ce textes tourmenté un supplément de mystère
Les personnages que le « Margrave » charge d’aller porter un message dont on se demande si cela a véritablement de l’importance sont aussi énigmatiques que différents.
Il y a là Silve de Pikkenendorf, un colonel-comte major sans armée mais qui commande cette petite troupe, l’évêque Osmond Van Beck, coadjuteur de la ville, sachant à l’occasion manier le pistolet avec vitesse et précision , le lieutenant Richard Trancrède, jeune officier et cavalier fougueux, Le brigadier Vassili, cavalier et homme d’action qui ne connaît pas la peur, Abaï, fin palefrenier et chasseur attentif , le cadet Stanislas Vénier, expert en discipline militaire mais aussi amateur de femmes , le cornette Maxime Bazin du Bourg, artilleur et féru de la poésie de Wilhelm Kostroswitzky , plus connu chez nous sous le nom de Guillaume Apollinaire. Ses vers accompagneront cette armée fantôme. Sa disparition déjà ancienne ajoutera au mystère de cette histoire.
J’ai aimé ce récit conté à travers l’histoire du retard hypothétique d’un train qu’on n’aperçoit qu’à la fin, comme en filigrane, pour rappeler au lecteur qu’il est bien dans un monde où la fiction est reine, mais aussi qu’il n ‘est plus très sûr de ce qu’il vient de lire.
Pourtant, reste le décor, des grands espaces remarquablement évoqués, apocalyptiques parfois et surtout les personnages dont deux seulement atteindront le terme de leur mission. Ils iront soit vers la mort, soit s’arrêteront en chemin , mais au cours de ce voyage initiatique, chacun ira à la rencontre de lui-même.
Telle a donc été ma lecture personnelle de ce livre où la folie à sa place, mêlée à un réalisme parfois criant de vérité et où se mêlent souvenirs et fantasmes.
© Hervé GAUTIER
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