Créer un site internet
la feuille volante

Salido

N°1999 – Août 2025.

 

Salido . Louis Guilloux – Gallimard (1976).

 

Nous sommes en septembre 1939 et la France vient d’entrer en guerre. Louis Guilloux, le narrateur, était responsable, au sein du « Secours rouge » de l’assistance apportée aux réfugiés espagnols du camp de Gouëdic à Saint-Brieuc, en réalité une ancienne usine désaffectée et délabrée, gardée par des gardes mobiles et entourée de barbelés. Personne pouvait y entrer. avant leur transfert dans celui du Vernet en Ariège. Il se souvient qu’Ils sont là depuis 1936, dans le plus grand dénuement et notre auteur a fait ce qu’il a pu pour leur venir en aide. Salido a refusé ce transport et a projeté son évasion pour gagner Paris puis l’URSS pour lutter contre le fascisme.  Il a donc fallu organiser son évasion ce dont se sont chargés des militant communistes et Guilloux qui vient d’apprendre qu’il n’est plus rien au sein de cette organisation caritative.

Salido c’est le nom d’un lieutenant espagnol républicain, un personnage silencieux, toujours sur ses gardes, mais qui ne parlait pas un mot de français ! La solution retenue pour cette évasion était originale mais l‘intendance ne suivit pas et ce fut’ un échec et pire encore .

Comme à son habitude, l’écriture est simple, sans artifice. Il y décrit la déconvenue qui est la sienne d’avoir été démis de ses responsabilité dans cette organisation caritative alors qu’il y œuvrait avec dévouement. Cet épisode se déroule à Saint-Brieuc qui est la ville de naissance de Louis Guilloux, et qu’il n’a jamais oubliée.

Ce que Guilloux ne dit pas c’est l’état de détresse de ces Espagnols que la France traita avec le plus grand mépris, alors même qu’ils n’étaient pas nos ennemis, les laissant sans soin dans des camps comme celui de Saint-Cyprien dans les Pyrénées orientales. Cet épisode peu glorieux pour notre histoire est notamment relaté par Luis Bonet Lopez dans son ouvrage « Mémoire d’exil d un Espagnol » (Éditions le Croît Vif). Non seulement ces pauvres gens étaient des vaincus, des exilés, mais ils avaient rejoint la France, « Pays des droits de l’homme et de la liberté » qui ne fut pas à la hauteur de sa réputation. Ils étaient cependant d’authentiques antifascistes puisque pour la plupart ils ont lutté sur notre territoire dans la Résistance et il faut se souvenir que les premiers éléments de la division Leclerc qui libéra Paris était majoritairement composée d’Espagnols républicains. Ce fut « la nueve » aux ordres du capitaine Dronne.

 

Louis Guilloux, écrivain majeur du XX° siècle paraît aujourd’hui injustement oublié.

 

 
  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire