Taxi driver
- Par hervegautier
- Le 15/08/2023
- Dans Martin Scorsese
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N°1767– Août 2023
Taxi driver – un film de Martin Scorcsese (1976)
Vu et surtout revu hier soir sur Arte ce film emblématique de Martin Scorsese, plusieurs fois primé (notamment Palme d’or à Cannes en 1976) et qui met en scène des acteurs jeunes qui deviendront célèbres, Robert de Niro (Travis Bickle) n’a que 32 ans lors du tournage, Jodie Foster (Iris) n’en a que 14 , Harvey Keitel (Mathew) 36 ans, Cybil Sheperd (Betsy) que 25 ans. Martin Scorsese lui-même n’en est qu’à ses débuts. Il apparaîtra dans ce film en tant que figurant, un peu à la façon Hitchcock. Le scénario de Paul Schrader est considéré comme un classique du cinéma américain et un des chefs-d’œuvres de Scorsese .
Travis Bickle est un ancien marine, reconverti comme chauffeur de taxi de nuit à New-York. C’est un jeune homme solitaire et insomniaque qui vit dans une sorte de bouge et qui affronte la violence et les vices de cette ville dans ces quartiers chauds. Il y côtoie la prostitution, la violence, la drogue, l’alcool, le racisme, les trafics en tous genres, les armes… Un peu par hasard, il croise Betsy, une des assistantes du sénateur Charles Palantine, candidat à la présidence des États-Unis et en tombe éperdument amoureux. Il n’appartient pas à son milieu social, n’a aucun de ses goûts de sorte que, dans son entreprise de séduction de la jeune femme, il multiplie les gaffes, en l’invitant notamment à la projection d’un film pornographique. Ses nombreux envois de fleurs n’y feront rien. Le résultat est évidemment désastreux et Betsy le repousse, le renvoyant à sa condition.
Toujours par hasard il croise Iris, une jeune prostituée qu’il se met en tête de sauver, un peu en réaction à sa déception amoureuse. Pour cela, après avoir tenté vainement d’abattre le sénateur Palantine, sans doute parce qu’il incarne pour lui le type même du politique opportuniste, et sans doute corrompu, il tue le proxénète d’Iris, un de ses clients ainsi que le tenancier de l’hôtel de passe où elle officie, comme il tuera un braqueur noir qui veut dévaliser une épicerie de nuit. Lors de son intervention punitive pour libérer la jeune prostituée il est grièvement blessé mais survit, ce qui fait de lui un héro célébré par la presse. Iris reprend une vie normale auprès de ses parents qui remercient le jeune homme dans une lettre émouvante mais lui revient à son existence hasardeuse et orpheline. Il prend même un soir dans son taxi Betsy qui lui parle de sa nouvelle notoriété mais il la raccompagne gratuitement chez elle sans même pousser son avantage. Elle est définitivement perdue pour lui. II ne sera jamais heureux.
Travis est le type de jeune homme paumé, mal dans sa peau, dépressif, revenu, traumatisé par la guerre du Viet-Nam, abandonné par un pays qu’il a pourtant servi et qui se cherche une nouvelle raison de vivre. Sa croisade contre les pires vices de New-York sera certes saluée par la presse mais cela ne changera rien ni pour lui, ni pour l’ambiance délétère de cette métropole. Il retournera à sa vie anonyme et minable qui lui colle à la peau et dont il ne sortira à l’évidence jamais, ce qui fait de ce film un miroir de cette société américaine, loin des clichés et de l’image idyllique de cette ville « qui ne dort jamais ». Lui-même est amoureux d’une femme inaccessible et qui ne sera jamais à lui. Il accepte cela comme une fatalité, comme son destin solitaire et définitif d’amoureux délaissé.
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