Pour mourir, le monde
- Par hervegautier
- Le 17/12/2024
- Dans Yan Lespoux
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N°1949– Décembre 2024.
Pour mourir, le monde – Yan Lespoux- Agullo.
Ce roman tire son titre un peu énigmatique d’une citation du jésuite portugais Antonio Vieira (« Un lopin de terre pour naître ; la terre entière pour mourir.Pour naître, le Portugal ; pour mourir, le monde ») . Il évoque la vie de trois héros anonymes du XVII°siècle ; Marie, une jeune fille de caractère qui vit sur la côte landaise et qui, pour échapper aux autorités qui la recherchent à la suite d’une rixe avec un homme qui voulait la violer se réfugie dans la communauté des résiniers puis dans celle des pilleurs d’épaves, Fernando, un jeune homme pauvre de l’Alentejo enrôlé de force, à 15 ans, dans l’armée portugaise et envoyé à Goa et dans les comptoirs portugais des Indes, et Diogo, jeune Brésilien qui assiste à la chute de São Salvador de Bahia prise par les Hollandais pendant laquelle ses parents sont tués. Recueilli par les pères jésuites qui tentaient de convertir les indiens Tupinanbas, il entre en résistance se retrouve embarqué sur un navire portugais qui fait naufrage sur les côtes du Médoc. Ce sont donc trois destins de jeunes êtres qui ont en commun la volonté d’échapper à leur condition misérable et pour qui la vie n’a jamais été un long fleuve tranquille. Chacun cherche à survivre dans un univers violent et déshumanisé, fait de luttes constantes entre eux, avec la mort en embuscade. Au début ils ne se connaissent évidemment pas, mais un matin de 1627, une tempête dantesque drossa sur la côte basque le navire sur lequel s’était embarqué Diogo et jeta Fernando, sur une plage du Médoc après avoir échoué la caraque portugaise sur laquelle il naviguait. Les richesses des épaves, essentiellement des diamants, excitent les convoitises mais le hasard de ce naufrage va provoquer la rencontre de Fernando avec Marie, devenue pilleuse d’épave. Elle lui sauvera la vie et fuira avec lui, à la fois cette société interlope et violente mais aussi son passé, Diogo miraculeusement sauvé fera partie de cette équipée un peu sanglante.
Les personnages sont nombreux qui gravitent autour de cette histoire. Capitaines, soldats ou indiens, résiniers... Ils sont en commun le projet de s’enrichir malgré la violence qui les accompagne, avec cette volonté de profiter du moment présent, de faire parfois prévaloir les sentiments, d’affirmer son autorité, de respecter Dieu et la prière, de mettre en avant son honneur pour les aristocrates ou plus simplement de survivre malgré la peur, et le fatalisme, sans oublier que l’instant d’après peut définitivement les empêcher de vieillir,
Au long de plus de 400 pages, avec de nombreux analepses , le lecteur est immergé dans un récit historico-fictif bien documenté, à la fois agréablement écrit avec beaucoup de réalisme et passionnant.
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