Hoka Hey!
- Par hervegautier
- Le 27/11/2023
- Dans Neyef
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N°1801– Novembre 2023
Hoka Hey ! – Neyef – Rue de Sèvres (BD).
C’est l’histoire d’un petit indien Lakota, orphelin, prénommé Georges par un pasteur un peu glauque, administrateur de la réserve indienne où il vit et qui l’a recueilli. Il lui fait ingurgiter la Bible, une manière de l’assimiler, tout en se servant de lui comme esclave. Ayant eu accès à l’éducation et à l’apprentissage de la lecture, l’enfant veut devenir médecin pour soigner ses frères.
Il croise par hasard une sorte de gang qui s’attaque aux biens des blancs non par intérêt mais en représailles pour venger leurs frères opprimés ou massacrés.. Il est composé d’un autre indien Lakota, Little knife, qui recherche son père pour le tuer, No Moon, une indienne et un Irlandais. Ils vont l’adopter et lui faire retrouver ses racines indiennes… « Hoka Hey », (en avant) , un cri de guerre de cette tribu que Georges s’approprie, en est le symbole, tout comme l’est sa décision de renoncer à sa carrière de médecin, pourtant prometteuse, pour devenir un indien libre, héritier des traditions et des rites de ses ancêtres. Ils sont recherchés et pourchassés par un chasseur de primes à la détente facile. Nous sommes bien en plein western, avec tout ce qui peut se passer dans ces vastes étendues où l’Ordre public en est réduit à l’état de concept. C’est une BD gore et violente bien dans l’esprit de cette période où ce pays qui s’est construit sur l’immigration européenne se met en quête de nouvelles terres. Pour cela ils chassent et massacrent les indiens, les parquent pour finir dans des réserves où ils meurent à petit feu ou les exhibent dans des spectacles. Il s’agit donc de racisme tout comme il y a de l’ostracisme entre les désormais citoyens américains notamment à l’endroit des Irlandais. Ces caractéristiques sont encore en vigueur aujourd’hui puisque la ségrégation, notamment à l’égard des noirs, gangrène cette société présentée comme multiculturelle mais qui, en réalité, porte en elle un ferment de division et peut-être de destruction quand ces minorités viennent à se révolter. Concernant ces derniers, ce n’est évidemment pas le même processus puisqu’ils sont issus de l’esclavage mais le résultat est le même, le refus de la différence qui s’exerce du plus fort vers le plus faible. Nous sommes certes dans une fiction, mais elle illustre bien le problème inévitablement posé aux sociétés qui se bâtissent sur la diversité ethnique.
J’ai été particulièrement sensible au concept de la vengeance présentée comme légitime, au refus du pardon considéré comme une faiblesse qui peut se révéler fatale, de la part de Little knife, dans une société où la vie d’un être humain ne pesait pas lourd. Seule l’attitude du médecin de Twin Point détonne dans ce tableau. Il trouve dans son métier de soignant, sauveur de vies, une manière de rédemption pour avoir été, dans une autre existence, le persécuteur des indiens. Il adopte et instruit Georges, le préparant à sa future mission médicale, mais cette fois différemment du pasteur qui s’était servi de la religion pour asservir l’enfant. Georges fait cependant un choix définitif révélateur
Le graphisme et les couleurs rajoutent à l’intérêt de cette BD.
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