la feuille volante

L'amour

N°1841 – Février 2024.

 

L’amour – Marguerite Duras – Gallimard.

 

Le titre est déjà tout un programme, c’est un thème classique qui a nourri l’œuvre d’ écrivains et de poètes depuis la nuit des temps. Il faut cependant se méfier des certitudes. Duras plante le décor sur une plage à marée basse. Un homme est debout, immobile sur un chemin de planches et il regarde la mer, un autre, plus éloigné marche au hasard sur le sable et, sur la gauche une femme est assise, les yeux fermés. On ne peut pas faire plus minimaliste comme décor, énigmatique aussi puisque la ville porte le nom de S.Thala, une ville où la lumière semble s’arrêter. Ils se croisent, se parlent, on finit par comprendre qu’ils se connaissent, qu’ils ont une histoire en commun et que la femme est enceinte. On imagine un triangle amoureux dans une chronologie assez confuse et une absence d’action.

J’avais déjà lu ce roman il y a de nombreuses années et je n’avais pas aimé à cause du style décousu qui ne me plaît guère et du scenario dont le sens m’avait échappé. Cette relecture ne m’a pas fait changer d’avis. Le livre refermé j’ai eu l’impression d’assister au tournage d’un film surréaliste dont les scènes et les dialogues sont réduits à une grande simplicité avec économie de mots et de gestes. La séquence du début me semble répondre à celle de la fin, avec, entre les deux un rêve que fait la femme. Comme dans un rêve les images se succèdent sans aucune logique. Il est question d’un hall d’hôtel, d’enfants, de prison, d’incendies dans la ville, de murs dont le nombre augmente, d’une lettre jamais envoyée… La constante idée de la mort me paraît en revanche pouvoir s’expliquer par le décès de son père et le vide qu’il a laissé. De même les incendies dans la ville peuvent faire référence à tout ce sa famille a perdu à l’occasion de sa succession et notamment sa maison de Duras destinés aux enfants d’un premier mariage. Quant à l’amour, je n’ai pas bien compris. J’ai consulté Lacan dont je ne suis pas spécialiste qui lie l’amour au hasard (Il écrit la mourre et non l’amour). Si je suis assez d’accord sur la réalité et sur le jeu de mots, ça n’éclaire pas beaucoup mes questionnements sur ce roman.

Je ne suis pas entré dans cette histoire et j’ai vraiment la désagréable impression d’être passé à côté de quelque chose.

 

 

 
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