la feuille volante

PEPLUM

 

N°912– Mai 2015

 

PEPLUM - Amélie Nothomb – Albin Michel.

 

Une jeune romancière est amenée à l’hôpital pour une opération bénigne. Au réveil elle se retrouve non pas dans une chambre mais dans une basilique où elle dialogue avec Celsius, un scientifique qui lui explique qu’elle n'est plus en 1995 comme avant l'intervention … mais en 2580 ! Il s'ensuit une conversation un peu surréaliste entre eux au cours de laquelle il lui explique les changements intervenus au quotidien sur l'énergie, le régime politique, la façon de s'habiller, les auteurs littéraires et philosophiques, mais aussi sur la coïncidence qui a présidé à l'ensevelissement de Pompéi sous les cendres du Vésuve, une cité fastueuse, pour mieux la transmettre intacte aux archéologues ! L'idée est un peu loufoque, pas tant que cela sans doute puisque Celsius entend la reprendre à son compte pour préserver une parcelle de ce territoire du Sud qui a disparu, comme souvenir en quelque sorte.

 

La jeune romancière dont il est question est présentée sous les initiales d'A.N. Je veux bien qu'écrire, même des choses apparemment un peu surréalistes, est pour un écrivain, une tentation trop grande de parler de lui mais quand même ! Ce narcissisme, cet égotisme me dérangent un peu. C'est vrai que c'est une tentation louable de vouloir se projeter dans l'avenir comme il en est une sans doute de vouloir modifier le passé, mais franchement j'ai eu du mal à prendre ce roman au sérieux. Sur le plan de la forme, il m’apparaît que cela peut se résumer à une joute verbale gratuite alternativement moralisatrice, drôle, dense, pertinente, agaçante et même un peu lassante, oiseuse même. Ce long dialogue tantôt agressif tantôt lénifiant finit par fatiguer. Je ne suis pas spécialiste mais prétendre que la destruction de Pompéi serait non pas une catastrophe naturelle mais…un phénomène issu de la volonté humaine me paraît quelque peu bizarre. On apprend bien d'autres choses aussi tordues au cours de ce trop long dialogue. On nous assène également des poncifs sur le bien et le mal, sur la moralité mais cela n’apporte pas grand-chose, à tout le moins à mon avis.

 

Amélie Nothomb est un écrivain inventif à l'imagination débordante ce qui est plutôt bien et qu'elle ait choisi la science-fiction en me gêne pas à priori. J'avoue que j'ai apprécié le système politique qui supprime les états, cela évite sans doute les guerres et autres incidents diplomatiques: il n'y a plus que les Ponantais et les Levantins, le mariage ne se conclut plus que par bail de 3 ans, les actes de la vie courante sont simplifiés à l’extrême, les problèmes d'alimentation n'existent plus …A côté de cela la suppression du Sud parce qu'il est peuplé de pauvres fait appel à des souvenirs inquiétants

 

J'ajoute que, lorsque je lis un roman, j'apprécie d'apprendre quelque chose en matière de culture et éventuellement de vocabulaire. Cela ne me gêne en rien et c'est même plutôt bien pour moi. Certains écrivains ont, en plus de leur talent littéraire, celui de glisser dans leur texte des informations passionnantes et qui, l'air de rien, complètent l'histoire qu'ils nous racontent ou la démonstration qu'ils sont en train de faire. Cela ajoute à l'intérêt de ce qu'ils écrivent. Depuis que je lis Amélie Nothomb, j'ai, au contraire, cette désagréable impression qu'elle fait plutôt dans le pédantisme et c’est franchement désagréable.

 

Comme toujours, le style est fluide et procure une lecture facile même si , le livre refermé, j'ai vraiment eu l'impression de m'être ennuyé à cet exercice.

 

©Hervé GAUTIER – Mai 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com

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