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la feuille volante

Joann Sfar

  • Le chat du rabbin -Vol 10 "Rentrez chez vous"

    N°1800– Novembre 2023

     

    Le chat du rabbin – Volume 10 « Rentrez chez vous »- Joann Sfar -Dargaud.

     

    Cet album illustre avec humour et à travers les yeux du chat l’antisémitisme ordinaire et traditionnel qui combat les Juifs là où ils se trouvent et leur ordonne de rentrez chez eux. Oui mais, pour des raisons historiques dues notamment à l’invasion de la Palestine par l’Empire Ottoman, ils n’avaient plus de pays à eux. L’expression « Juif errant » trouvait donc sa justification et ils étaient rejetés voire persécutés dans tous les pays où ils vivaient. En France, le décret Crémieux de 1870 accordait au Juifs d’Algérie la nationalité française et la déclaration Balfour de 1917 se prononçait en faveur de la création « d’un foyer national juif » mais cette terre qui était historiquement la leur était occupée par les Arabes. Le panarabisme ne tarda pas à s’opposer à ce processus ce qui conduisit la SDN a confier à la France et à la Grande Bretagne un mandat dans la région pour y maintenir la paix . Évidemment le problème religieux avec ses dogmes, sur cette terre où l’Islam, la chrétienté et le judaïsme devaient cohabiter, vint tout compliquer et l’établissement d’un état juif fut compromis. Il y eu des soubresauts historiques, notamment avant pendant et après la Seconde guerre mondiale mais l’État d’Israël naquit bel et bien sur cette terre et les Juifs du monde entier purent enfin espérer y émigrer. L ‘expression « L’an prochain à Jérusalem » devint donc un but pour chacun d’eux. Cet album, inspiré par une réalité, prend au regard des événements actuels une dimension particulière.

     

     

     

  • Le chat du rabbin - La tour de Bab-El-Oued

    N°1797– Novembre 2023

     

    Le chat du rabbin – Joann Sfar – Dargaud

    Volume 7 – La tour de Bab-El-Oued.

     

    La vie continue à Alger, sauf que la mosquée est inondée et que l’imam Sfar demande au rabbin Sfar si ses fidèles ne pourraient pas venir prier dans sa synagogue, ne sont-ils pas cousins après tout ? Cela ne devrait pas poser de problèmes mais il apparaît rapidement évident qu’à la réflexion, il faut que chacun reste chez soi, cultive ses différences, qu’on n’est pas si frères que cela, qu’il faut remettre en cause les textes sacrés et ne pas se croire obligés de respecter la fraternité, la charité et l’amour du prochain et tant pis pour la tolérance.. Quand c’est la synagogue qui est inondée, le délire religieux reprend le dessus, on affirme que ce déluge c’est la volonté de Dieu, que c’est une punition divine à cause de la renonciation à sa foi, avec la culpabilité, le culte de la douleur, la recherche d’un responsable et la nécessité d’un sacrifice expiatoire. Pour cela le chat fait parfaitement l’affaire. Et pour que la fête soit complète, il fallait un prêtre catholique, mais il n’est pas question d’aller prier dans une église.

    J’ai bien aimé cette fable, le graphisme en général et spécialement celui du chat. Oreillard, famélique, avec ses grands yeux verts, il est plein de bon sens et d’humour, donc attachant. A force de parler avec les humains il a fini par leur ressembler et a négligé, comme eux, les valeurs morales que pourtant ils lui ont enseignées.

    Les religions répondent notamment aux aspirations de l’homme à croire dans un monde meilleur et la façon de le mériter durant son passage sur terre. Ainsi les différentes confessions se sont-elles opposées, parfois violemment, à coup de dogmes, de révélations, d’espérances et de prosélytisme, avec des lectures et des interprétations différentes des textes fondateurs et ont souvent été l’occasion de provoquer ou d‘entretenir ce que l’homme sait faire de pire : la guerre ! En Occident il y a certes eu des tentatives de dialogue entre elles pour rendre possible le « vivre ensemble » mais chaque conflit, pour des raisons différentes, a souvent pris, peu ou prou, une dimension religieuse, notamment contre les Juifs ce à quoi nous assistons actuellement dans un monde qui s’embrase.

  • Le chat du rabbin - Volume 6

    N°1796– Novembre 2023

     

    Le chat du rabbin – Joann Sfar – Dargaud

    Volume 6 – Tu n’auras d’autre dieu que moi.

     

    Zlabaya est enceinte. C‘en est fini des caresses et des câlins qu’elle réservait au chat. La présence future de ce bébé va faire s’effondrer cet univers dont il était le centre. Evidemment cela le rend triste même si, pour un temps, il est le seul à partager avec elle la nouvelle de cette future naissance. Le fait de parler le rapproche des hommes et, de fait, il réagit comme eux, surtout face à une femme qui, une fois mère, va se consacrer à son enfant au détriment des autres membres de sa famille et donc à lui. Son avenir n’est pas rose et ce n’est pas le rabbin avec son dieu et ses prières qui vont le consoler ; La solution qu’il trouve va le faire sortir de son cocon et aller au devant des hommes, de leurs jalousies, leurs hypocrisies, de leur violence, de leur désespoir. Il en prend même un peu de la graine.

    J’ai bien aimé cette fable, le graphisme du chat aussi, pas beau mais attachant.

     

     

  • Le chat du rabbin

    N°1789– Novembre 2023

     

    Le chat du rabbin (l’intégrale) - Joann Sfar- Dargaud (BD).

    (Album en trois parties : La Bar-Mitsva- Le Malka des lions- L’exode.)

     

    C’est une fable pour adultes, une longue complicité entre Zlabya, la fille du rabbin Abraham, et son chat, pas vraiment beau mais qui compense cette relative laideur par un solide bon sens, la faculté qu’il a de se faufiler partout et d’observer et surtout de parler avec sa maîtresse et son maître Abraham. C’est aussi l’histoire de ce rabbin algérien du début du XX° siècle et de sa fille racontée par ce félin philosophe, qui a appris à lire avec Zlabya et à qui le rabbin veut enseigner la Torah pour en faire un « bon juif ». Ce chat est le témoin de la vie des humains qui l’entourent et ses remarques sont pleines de logique au regard de la religion et de ses dogmes et de compréhension au regard des hommes. Au passage il ne manque pas de contester les préceptes religieux et y apporter son exégèse personnelle. Il va assister au mode de vie uniquement inspiré par le judaisme de ce vieux rabbin qui, à l’occasion du mariage de sa fille et de son voyage à Paris va remettre en cause tout ce pour quoi il avait vécu jusqu’à présent. Zlabya elle-même n’échappera pas à cette trasformation. Ce chat a des propos pleins de tolérance puisque sur cette terre du Maghrebe, les Juifs cohabitaient avec les Arabes et les chrétiens. Je ne sais pas si j’ai bien compris miais le message est sans doute qu’on peut vivre sereinement entre soi en s’accomodant des contradiction et de l’hypocrisIe des religions de leurs dogmes et de leurs interdits.

    J’ignore tout de la religion juive mais il m’a semblé que dit ce chat génial s’applique à toutes les religions, aux interprétations sectaires, extrémistes et mensongères qui peuvent en être faites. Le dialogue entre le chat et le chien est révélateur du regard que ces animaux portent sur les hommes et que La Fontaine n’eut pas désavoué.

    J’ai bien aimé le graphisme qui illustrret le texte de ce volume qui compile ces trois premiers albums .

    Je ne connaissais pas Joan Sfar mais ce livre fut une belle découverte pour moi qui ne suis pas amateur de BD. J’ai trouvé intéressant de donner la parole à un chat qui est un animal que les Égyptiens vénéraient comme un dieu, que nous parons de nombreuses qualités et que certains dessinateurs transforment même en philosophe. Je crois que je vais volontiers poursuivre la lecture des albums suivants.

    Ces propos prennent un relief particulier au moment où le monde s’embrase au Moyen-Orient et menace la paix de ces deux communautés qui ont bien des choses en commun et qui pourraient vivre en paix à condition de se respecter l’une l’autre.