la feuille volante

UN ETE POUR MEMOIRE

 

N°955– Août 2015

 

UN ETE POUR MEMOIREPhilippe DelermGallimard.

 

La grand-mère du narrateur vient de mourir et il lui faut quitter Paris pour les bords de la Garonne, à côté de Montauban et sa tiédeur de briques. Cette femme était une bonne chrétienne comme dit le curé qui n'hésite pas à se porter garant de son entrée au paradis mais elle a choisi de reposer dans le petit cimetière de la colline qu'elle appelait son jardin...

 

Stéphane, le narrateur, ne le sait pas encore mais, à l'occasion de cette cérémonie, cet été va être serti dans sa mémoire et pas seulement à cause des obsèques de cette aïeule qui avait fait partie de sa vie. Une sorte de double deuil. Pour lui c'est la douce fragrance de son enfance insouciante qui renaît quand il passe la porte de cette maison pleine d'odeurs de fleurs avec ele l'envie d'y rester malgré un roman à terminer, le plaisir d’être à nouveau allongé dans l'herbe, le farniente, le souvenir de cette cousine dont, enfant, il était un peu amoureux, l'émotion qu'on ressent quand on remonte le temps… Tout lui revient, l'accent qui enchante les mots, la couleur du magnolia au jardin, les baignades, les parties de pêche dans la Garonne, les bateliers du canal, les ricochets, les balades à bicyclette, la courbe des collines et les chemins d'eau, les robes blanches et vaporeuses des jeunes filles, les tons pastels des paysages, les senteurs, les bruits et les silences de la nature, la lecture des romans d'aventures qui ont peut-être, sans qu'il le sache, décidé de son destin… Il retrouve le goût de cet été qui « s'attarde grenadine, s'efface menthe à l'eau » qu'il redécouvre à travers les yeux et les gestes de la petite Marine qui désormais habite le château longtemps resté inhabité et qui domine le village. Elle est nouvellement arrivée dans le pays avec sa famille parisienne un peu bohème et retient l'attention de Stéphane à cause de son imagination et ses rêves. Elle sera son guide dans ce parcours à contre-enfance, elle qui a une sorte de maturité qui la différencie des enfants de son âge.

 

Même si le narrateur ne le dit pas expressément, c'est la marque du temps qui passe, qui fuit, l'âge adulte qui s'est installé dans son quotidien qui va pourtant reprendre ses droits à travers la mélancolie de la rentrée de septembre, ces livres à couvrir, ces cahiers neufs, ces crayons qui en noirciront bientôt les pages…

 

J'ai goûté ce texte poétique plein d'images et de senteurs d'été, rempli aussi des parfums délicats de cette enfance disparue et qui revient, ce temps qui passe et qui nous donne le vertige. Avec de courts chapitres, l'auteur installe dès l'abord cette ambiance estivale autant que la mélancolie du passé, un monde qu'il a connu et qui a définitivement disparu, un autre qui s'est installé dans sa vie et qui va le happer après cette parenthèse de la mémoire...

 

 

 

Hervé GAUTIER – Août 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com

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