la feuille volante

Thomas Gilbert

  • La voix des bêtes la faim des hommes

    N°1804 – Décembre 2023.

     

    La voix des bêtes la faim des hommes – Thomas Gilbert – Dargaud (BD)

     

    Je ne suis pas fan de BD et je ne connais pas l’œuvre de Thomas Gilbert mais j’ai simplement lu cet ouvrage en raison de ma participation à un jury littéraire.

    Cette lecture m’a laissé perplexe. Si j’ai bien compris, elle mélange l’ambiance du Moyen-Age, ses dérives religieuses entretenues par la grande peur de l’An mille et ses perspectives de fin du monde, avec pour support l’Apocalypse de St Jean et de ses quatre cavaliers que le peuple rural et illettré n’avait pas lue, et l’interprétation que pouvait en faire l’église catholique, fanatique et oublieuse du message de l’Évangile, sa volonté de régner sur les gens et de jouer sur le salut de l’âme des défunts. Cela a inspiré nombre de théories plus ou moins théologiques de la part d’illuminés, les récupérant à leur profit et les habillant d’effets quelque peu mystérieux qui n’avaient d’autres buts que de maintenir les populations en état de subordination et de terreur et les révélations eschatologiques de l’apôtre y contribuèrent opportunément. Le graphisme et les couleurs de cette BD vont dans ce sens.

    Cette lecture me laisse quelque peu perplexe.

    Le prétexte est l’histoire de Brunehilde, une vagabonde marginale, un peu guérisseuse, qui refuse le mariage et surtout l’enfantement, une meneuse de loups, un animal qui, à l’époque était considéré comme l’incarnation du mal et qu’évidemment il fallait combattre d’autant qu’il hantait les forêts qu’il fallait défricher pour conquérir plus de terres à cultiver. Nous assistons à son parcours dans une nature hostile avec famine, guerres, violences, peur de la mort, nécessité de s’assurer une place en Paradis, volontés humaines de conquêtes d’autant plus illusoires qu’elles sont temporaires … Elle est accompagnée de Paulin, un colporteur plus animé par un esprit plus terre à terre.

    Je n’ai peut-être rien compris mais il me semble que cette BD nous rappelle des évidences, que l’homme est un loup pour l’homme ce qui met à mal la théorie du « vivre ensemble » dont on nous rebat les oreilles, que notre monde n’a rien d’idyllique, que l’espoir est peut-être permis mais me paraît à moi illusoire actuellement dans un monde qui explose et bascule de plus en plus dans la violence.

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