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la feuille volante

Après la pluie

N°1759– Juillet 2023

 

Après la pluie – Chiara Mezzalama – Mercure de France

Traduit de l’italien par Léa Drouet.

Ettore et Elena sont mariés depuis des années, ont ensemble deux enfants. Dès les premières pages on apprend qu’Ettore a une maîtresse, une femme évidemment plus jeune que son épouse et dont il est follement amoureux. C’est assez classique que ce soit le mari qui trompe sa femme, éternelle victime, une littérature boulevardière a largement popularisé ce genre de situation, comme si l’épouse ne pouvait pas elle aussi tromper son mari, surtout de nos jours. Et avec tout cela, Ettore qui se sent vieillir et Elena est la seule à ne rien savoir de la toquade de son mari ! Air connu. L’amour ne rime pas avec toujours comme on fait semblant de le croire, il ressemble à toutes les choses humaines, il est fongible et consomptible, est miné par l’hypocrisie, le fatalisme, la naïveté, l’indifférence qui finissent par s’installer dans le couple. C’est comme cela depuis toujours, la vie ne tient jamais ses promesses. Et avec tout cela les enfants à qui rien n’échappe, la culpabilité, les questions qu’on se pose et qui restent sans réponse, le sentiment d’échec, de perte de confiance, de révolte, d’injustice, le désir de vengeance, le besoin de partir pour faire le point...Et la solitude qui en résulte. Rien que de très classique donc. L’auteur en rajoute avec le traditionnel conflit de générations à propos de la prise de conscience écologique qu’illustre ce débordement du Tibre et cette pluie aux accents de fin du monde, ce qui n’est pas sans rappeler le déchirement de ce couple.

Je veux bien que le hasard fasse partie de notre vie mais que chacun des époux rencontrent séparément, pendant la tempête, quelqu’un qui ressemble au « bon samaritain » et qui remet en question leurs certitudes sur le travail, le quotidien, l’avenir, m’étonne aussi à l’heure où le « vivre ensemble » est plus que jamais problématique. Que ces personnages se connaissent entre eux, qu’ils soient aussi différents l’un de l’autre et soient près de la nature, des animaux et respectueux de l’environnement m’a aussi paru quelque peu artificiel. Que l’énergie nucléaire soit un danger même si elle apporte confort et bien-être est une chose évidente et incontournable aujourd’hui. Quant à l’amour, différent de l’attirance sexuelle, qui survient quand on ne l’attend pas, ça m’a paru avoir de légers relents d’eau de rose. Je passe sur l’épisode accueillant du monastère, véritable microcosme à la fois de paix et de mélange ethnique, je n’y ai pas vraiment cru non plus. Je suis volontiers respectueux de la nature et peu porté au gaspillage et au consumérisme à outrance, mais le discours écologiste, dans ce qu’il a de culpabilisant et qui rappelle trop le contexte judéo-chrétien dans lequel nous baignons tous, m’a franchement ennuyé par son côté sermonneur. Que l’auteur l’ait fait tenir par les moniales jeunes et inattendues a achevé de me décevoir.

C’est bien écrit (traduit?) et j’ai lu ce roman jusqu’au bout parce qu’il est en lice dans un concours littéraire qui requiert l’avis des lecteurs, mais il m’a un peu agacé avec ces remarques moralisatrices gratuites et répétées sur le mode de vie, la relativité des choses face aux dangers, avec une bonne dise d’aphorismes . Quant à l’épilogue, il m’a aussi déçu par son côté idéaliste.


 

 
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