Les silences
- Par hervegautier
- Le 04/12/2023
- Dans Luca Brunoni
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N°1803– Décembre 2023.
Les silences – Luca Brunoni – Finitude.
Traduit de l’italien par Joseph Incardonna
Au milieu eu siècle dernier, dans la montagne suisse rurale, Ida Bülher, une jeune orpheline de treize ans, se trouve placée dans une famille d’accueil qui n’a jamais eu d’enfant, les Hauser. Malgré ce qu’elle a, un toit et de la nourriture, l’ambiance y est malsaine pour elle, entre le travail, l’obéissance et les coups, dans la chaleur de l’été et la froidure de l’hiver. Elle vit avec la culpabilité d’avoir provoqué la mort de sa mère et même si son sort n’est pas enviable, elle le supporte puisque les autres enfants sans famille sont en orphelinat. La perspective d’y être enfermée l’obsède. Dans cette famille un peu fruste, elle est considérée comme une domestique, malgré l’argent de l’État versée à la famille d’accueil. Sa vie est dure, tout entière voué au travail de la ferme, sans grandes distractions, dans un village où on se méfie de l’étranger. La femme , Greta, la déteste et Arthur, son mari, pose sur elle des regards lubriques. Son seul rayon de soleil, c’est Noah, le fils du maire avec qui elle veut seulement parler, mais la règle ici, dans ce village perdu des montagnes, ce sont les secrets et les non-dits, les jalousies, les silences. Noah veut partir de cet enfer, avoir une autre vie comme d’autres l’ont fait avant lui et le mystère enveloppe chaque disparition, entre suicide et fuite, et il veut emmener Ida avec lui pour échapper à ce microcosme rural..
Après avoir énoncé, dans une première partie tous les sévices que la pauvre Ida doit endurer de la part de Greta, le roman se penche ensuite sur certains des habitants de ce village où tout le monde se connaît, s’observe et se juge. On apprend à connaître leur vie, leur culpabilité, leurs secrets, leurs histoires, leurs querelles, leurs préjugés dans un contexte chrétien de la présence de Dieu, du respect de la parole donnée, du pardon toujours possible.
Ce livre évoque ces enfants de filles-mères, comme on disait à l’époque, des orphelins ou de parents incapables de s’occuper de leur progéniture et qu’on plaçait un peu au hasard dans des familles où, surtout à la campagne, ils étaient regardés comme de la main-d’œuvre gratuite. Un roman à plusieurs voix, avec cependant des longueurs dans une ambiance rurale pesante et mystérieuse. L’écriture épurée rend ce roman facile à lire et attachant.
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