la feuille volante

Variations poétiques

La Feuille Volante n° 1263

Variations poétiques de 1906 à 2018- Bruno Antoine POL - Autoédition.

 

Nous aimons Georges Brassens (1921-1981) pour sa voix particulière, son côté libertaire voire anarchiste, l'attachement qu'il témoignait à ses copains, son âme de poète parfois tourmentée, amoureux des mots et de la littérature, sa marginalité, sa langue , son franc-parler,.. Il n'y a rien de tel que la chanson pour vulgariser la poésie qui est un peu le parent pauvre de nos Lettres françaises et Georges Brassens s'y est employé avec bonheur. Il a ainsi contribué à faire mieux connaître Francis James, Paul Fort, Victor Hugo, Aragon, François Villon… Parmi tous ces poètes, il en est un dont on a sûrement oublié le nom mais dont un texte est resté dans nos mémoires parce que Brassens y a accroché quelques notes de guitare. Ce nom c'est Antoine Pol (1888-1971), officier pendant la guerre 14-18 puis chef d'entreprise, le titre c'est « Les passantes », un émouvant poème consacré à la beauté des femmes inconnues qu'on ne fait que croiser sans les retenir, à l'émotion furtive qu'elles suscitent mais qui ne laissent dans notre mémoire qu'une trace vite effacée « Je veux dédier ce poème à toutes les femmes qu'on aime pendant quelques instants secrets, à celles qu'on connaît à peine, qu'un destin différent entraîne et qu'on ne retrouve jamais.. .» 

 

Ce texte qui m'a personnellement toujours ému, fait partie du recueil « Émotions poétiques »(1918), édité à compte d'auteur par Antoine Pol. Le hasard voulut que Brassens découvrit par hasard ce texte chez un bouquiniste parisien, le mit en musique mais, l'auteur, longtemps recherché par Georges, n'entendra jamais la mélodie puisqu'il décédera avant. Ce poème, devenu une chanson, la préférée de l acteur Lino Ventura, a été également interprétée par Maxime Le Forestier.

 

Antoine Pol publia tout au long de sa vie, en autoédition et donc en tirage limité, entre 1909 et 1972 des recueils de poèmes mais aussi écrivit des pièces de théâtre et des romans, des poèmes dont certains restèrent inédits. Son petit-fils, Bruno Antoine Pol, qui avait déjà rendu hommage à son grand-père en publiant ce texte dans « Des passantes à l'oiseau blanc » a voulu à nouveau évoquer la mémoire de son aïeul, non seulement en publiant ses poèmes, accompagnés d'une courte biographie, mais aussi en mettant en exergue ceux des générations suivantes,, Ainsi publie-t-il des textes de son père, Alain (1916-2013), les siens (lui né en 1943 ) mais aussi ceux de ses trois filles (Clotilde, Céline, Jennifer) et de ses sept petits-enfants(Édith, Sacha, Joshua, Sorenza, Nathan, Victor, Juliette), poèmes illustrés d'aquarelles de Monique Pol, une manière de signifier que la créativité littéraire d'Antoine Pol ne s'est pas perdue et que dans cette famille on chasse de race.

 

Notre Georges Brassens, celui que nous gardons tous dans un coin de notre mémoire et dont les paroles et les notes continuent de défier le temps, qui était un merveilleux poète, même s'il s'en défendait, disait « Que serait notre monde sans la poésie ? Hélas celui-ci serait bien triste »

 

 

© Hervé GautierJuillet 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]

 
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