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la feuille volante

LES JUSTICIERS - Bernard DRUPT

 

Juin 1991

n°64

 

LES JUSTICIERS - Bernard DRUPT - La Revue Indépendante - 206 rue E.Branly - 93100 MONTREUIL/BOIS

 

Amateurs de bonnes lectures, dépêchez-vous, il n’en reste peut-être pas beaucoup d’exemplaires et franchement ce serait dommage ce serait dommage de ne pas partager avec Bernard Drupt ce voyage réécrit par lui au pays du quotidien.

Comme il le dit, ces contes sont, pour la plupart, puisés à la source des « faits divers ». Le journaliste qu’il est ne pouvait donc pas manquer ce rendez-vous qui chaque jour émaille nos journaux. Heureusement, il y a plus et l’échotier cache l’écrivain qu’on aurait bien tort de ne pas accompagner dans ce jardin secret qu’est la nouvelle. Il faut, il est vrai, quelque courage pour donner dans cette discipline. On sait que c’est plutôt un genre anglo-saxon qui, dans notre pays, n’est guère en vogue. Et pourtant l’humour, le style et le talent ne manquent pas à notre auteur qui n’en est pas à son coup d’essai.

Le fantastique ici côtoie le quotidien pour le plus grand plaisir du lecteur, mais si l’imaginaire peut parfois le griser, il convient de prendre garde, et des nouvelles comme « opération pétoche » ou « le troc » le ramènent à une réalité bien terre à terre.

C’est vrai que, comme la plupart des bons livres une relecture s’impose, et j’ajoute qu’elle gagnera à être immédiate, car comment rester insensible au regard qu’il porte sur cette société dont on ne peut pas vraiment dire qu’elle est idéale ?  Il y a beaucoup à faire, et cela commence par la dénonciation de ses tares qu’on a tous envie d’extirper.

Un lecteur, même inconsciemment, a toujours tendance à sublimer ses propres fantasmes et les attribuer, peu ou prou au texte qu’il lit. Cela a peut-être été mon cas et j’ai choisi, peut-être à contre-courant de lire, par-delà les mots qui flirtent avec la rime, et parfois aussi avec l’alexandrin, une sorte de mal-être!

C’est vrai que, usufruitiers temporaires de ce pauvre monde, nous n’y sommes que de passage, et l’empreinte que nous y laisserons ne restera pas plus longtemps que celle de notre pied sur le sable, bientôt léché par la vague! C’est cette vérité que semble nous rappeler des textes comme « A la une », « L’aïeule » qui nous donnent rendez-vous avec l’émotion, la vraie... Dans d’autres nouvelles, c’est l’égoïsme, l’indifférence qui caractérisent si bien notre société et la condition humaine. Les gens naissent, vivent et meurent... C’est la vie. Elle passe et nous aussi!

Je le dis, ces nouvelles sont un miroir qui nous renvoie sans complaisance notre propre image avec ses imperfections, ses rides et son regard fuyant. « Trotte marot », « Station » ou « Double vol », nous proposent de regarder une réalité bien quotidienne.

C’est drôle, mais j’ai songé à la chanson de Jacques Brel « Les vieux », chantée sur un rythme de pendule... L’aurions-nous oublié, le temps passe malgré l’amour qui est le miel de la vie, malgré nous! Heureusement, il y a l’humour, dont quelqu’un a dit qu’il est la politesse du désespoir, et qui permet de rire de la vie au lieu d’avoir à en pleurer.

 

Je le répète, j’ai bien aimé ce livre et je ne m‘étonne pas de l’appréciation de Henri Vincenot qui voyait en Bernard Drupt « un écrivain, un vrai! »

 

© H.G.

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