la feuille volante

LES AVENTURES MIRACULEUSES DE POMPONIUS FLATUS

N°752 – Mai 2014.

LES AVENTURES MIRACULEUSES DE POMPONIUS FLATUS – Eduardo Mendoza - Le Seuil.

Traduit de l'espagnol par François Maspero.

 

A la recherche d'une hypothétique source miraculeuse, Pomponius Flatus, patricien, philosophe-incrédule devant les dieux entreprend un voyage dans l'empire romain ce qui lui provoque de fréquents dérangements intestinaux. Nous sommes au premier siècle de notre ère et il narre ses tribulations voyageuses à un certain Fabius qui le conduisent à Nazareth où un certain Joseph, charpentier de son état, vient d'être condamné à mort pour avoir assassiné un riche propriétaire juif. Il rencontre son jeune fils, Jésus, convaincu de l'innocence de son père qui lui propose de le disculper. Voilà donc notre voyageur précipité un peu malgré lui dans une enquête d’autant plus difficile que ledit Joseph semble vouloir accepter son sort avec résignation et conserver le silence sur les circonstances de cette affaire même si cela doit lui coûter la vie.

Traversant des contrées diverses, il promène sur celles-ci et ceux qui les habitent, sur leurs sociétés, leurs règles, leurs hypocrisies, leurs religions, un regard critique et se transforme ainsi en ethnologue, sociologue et pourquoi pas théologien puisqu'aussi bien il en profite pour donner son avis sur Dieu (et les dieux), sur la Bible, le Coran ou la Vulgate et même pour réécrire à sa manière un autre évangile apocryphe, un de plus ! Comme dans toute enquête policière il y a des meurtres, des mystères et des péripéties inattendues et celle-la ne fait pas exception. Pour l'aider dans ses investigations notre brave Pomponius n'hésite pas à s'adjoindre les services d'un légionnaire dont la force physique n'a d'égal que la naïveté. Il faut dire que, bien qu'en terre d'occupation, Pomponius, parce qu'il est citoyen romain et noble de surcroît, bénéficie de la protection des tribuns locaux ce qui lui confère une certaine liberté

 

C'est une aimable fable historico-policière où l'auteur amène son lecteur à faire des rencontres un peu surréalistes qui prennent leur source dans son imagination débordante. Dans cette fiction carrément invraisemblable, les gens portent des noms qui ne sont pas le leur, des dieux descendent parmi les hommes, on assiste à un vaste entreprise de mystification collective avec, à la clé des songes dont l’interprétation se veut significative, des zones d'ombre et des affirmations difficiles à admettre, un peu comme tout ce que les religions nous assènent dans leur message !

 

Le hasard m'a fait connaître les romans d'Eduardo Mendoza et j'avoue bien volontiers que pour une fois il a bien fait les choses [La Feuille volante n°750]. Ici, non seulement j'apprécie l'histoire, le dépaysement mais aussi l'érudition (mais parfois les dialogues en sont un peu trop farcis), l’humour, le suspense, le style jubilatoire... Mais quand même, j'ai été, au fur et à mesure de ma lecture, un peu lassé par les faits rapportés, et même un peu déçu à la fin.

 

©Hervé GAUTIER – Mai 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com

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