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la feuille volante

OSCAR ET LA DAME ROSE

N°749 – Mai 2014.

OSCAR ET LA DAME ROSE – Eric-Emmanuel Schmitt.

 

Oscar est un petit garçon espiègle de dix ans qui est soigné dans un hôpital pour enfants parce qu’il est atteint d'une leucémie. Il se surnomme lui-même « crâne d’œuf » à cause de la chimiothérapie qui lui a fait perdre ses cheveux. De même il donne à ses copains des noms en rapport avec leur maladie, « Bacon » parce que c'est un grand brûlé, « Pop Corn » parce qu'il est énorme, « Peggy Blue » parce qu'elle a la maladie bleue... une façon comme une autre d'oublier la maladie avec l'aide de l’humour d'autant qu'il va sûrement mourir.

Mamie-Rose c'est la bénévole qui vient lui rendre visite et qui a sympathisé avec lui. C'est une vielle dame, ex-catcheuse à ce qu'elle dit, qui revêt une blouse rose pour entrer dans sa chambre. Il l'aime plus que ses propres parents qui pourtant viennent le voir avec régularité et lui apportent des cadeaux dont il n'a que faire. Il sent qu'ils lui mentent et cela ne lui plaît guère. Pourtant ils l'aiment mais ne peuvent rien face à cette maladie qui va l'emporter. Ils se préparent à cette issue fatale sans trop le montrer à leur enfant. C'est que nous sommes dans la période de Noël, exactement douze jours avant et ce petit garçon, à l'instigation de la dame rose, entreprend d'écrire à Dieu une lettre par jour en lui demandant de venir le voir et en lui racontant tout ce qui lui arrive, une manière aussi de dérouler un compte à rebours puisque sa greffe de moelle osseuse n'a pas pris et qu'il le sait.

C'est aussi cette même Mamie-Rose qui lui propose d'accélérer le temps et d’imaginer qu'à une journée correspond une décennie, une façon comme une autre d'avoir droit à une vraie vie, complète, comme les autres. D'ailleurs il se prend au jeu, se choisit une fiancé en la personne de « Peggy Blue », en tombe amoureux, l'épouse, se constitue une famille fictive et fait semblant de croire à tout cela même quand son « épouse » sort de l'hôpital, guérie ! Avec son stratagème du temps accéléré, ils ont passé leur vie ensemble et c'est l'essentiel. Oscar est mort pourtant parce que la maladie a été la plus forte, mais il a choisi de partir quand ses parents et Mamie-rose étaient partis boire un café, un peu comme le petit prince de Saint Ex, avec cette simple phrase comme épitaphe « Seul Dieu a le droit de me réveiller »

 

C'est une fable, bien sûr mais elle est émouvante parce qu'il est question de la souffrance et de la mort qui sont notre lot à tous. Pourtant tout cela n'est pas triste, pas dramatique comme cela aurait pu l'être, à cause du style volontairement simple, naïf, naturel, comme celui d'un enfant. Le fait de s'adresser à Dieu à l’instigation de la vielle dame est à la fois puéril et sérieux. En contrepoint il y a la mort qui dans nos civilisations occidentales est à la fois tabou et désespérante et pourtant ce roman ne tire pas de larmes. Il est à la fois cocasse et poétique.

Comme il le dit lui-même, la vie n'est pas un cadeau, c'est juste un prêt, nous n'en sommes que les usufruitiers alors que nous agissons comme si nous étions immortels. Il n'est pas inutile de la rappeler aussi simplement que cela.

 

©Hervé GAUTIER – Mai 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com

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