la feuille volante

IL NE FAUT PAS MOURIR DEUX FOIS – Francisco Gonzales Ledesma

 

L A F E U I L L E V O L A N T E

La Feuille Volante est une revue littéraire créée en 1980. Elle n’a pas de prix, sa diffusion est gratuite,

elle voyage dans la correspondance privée et maintenant sur Internet.

 

N°505 – Février 2011.

IL NE FAUT PAS MOURIR DEUX FOIS – Francisco Gonzales Ledesma* – L'Atalante.

Traduit de l'espagnol par Christophe Josse.

 

Le début est un peu déroutant. Trois histoires apparemment indépendantes les unes des autres qui se déroulent quand même dans la ville mythique de Barcelone. Elle est le véritable personnage central de tous les romans de Ledesma.

Gabri qui sort de prison vient se recueillir sur la tombe de sa femme quand on lui propose de tuer un inconnu. Une vieille maquerelle, Dalia, qui loue une adolescente trisomique aux assauts sexuels de notables locaux. Un mariage qui se transforme en tuerie, les deux futurs époux ayant fait le projet de s'assassiner l'un l'autre...

 

Le pauvre inspecteur Méndez, toujours aussi marginal, indiscipliné, alcoolique et désœuvré, va s'intéresser à toute cette délinquance malgré une hiérarchie qui ne l'aime guère et qui ne lui fait même plus confiance. Et d'ailleurs on ne lui confie même pas cette enquête ! Il est, selon ses propres termes « un policier à la manque que personne ne croit, un policier des rues ». Son patron a l'apparence de Monterde, commissaire principal, impénitent fumeur de havanes et accessoirement fort sensible aux charmes des femmes, de ses collègues féminines en particulier. Il a, à l'endroit de son inspecteur une formule peu académique pour s'adresser à lui (« Putain Méndez ») mais son subordonné reste égal à lui-même, prenant des initiatives toujours à la limite de la légalité. Il reste, malgré son âge un élément de valeur que, pour une fois, son administration songe à récompenser !

 

Gabri est un dur qui a décapité celui qui a violé son épouse, Elisa, morte en couches et tué en prison l'assassin d'une fillette. L'homme qu'on lui demande de d'exécuter se révèle être une femme, Greda, enceinte qui plus est des œuvres de son ex-patron, qui ainsi souhaite se débarrasser d'un double problème qui risque de lui coûter sa place et son riche mariage. Son beaux-père qui ne l'aime guère rêve de le voir disparaître. L'ex-taulard est cousu de dettes mais c'est quand même un type bien et propose à Greda de s'enfuir.

 

Près de la maison de Dalia, Haliz, un type un peu mystérieux et ancien souteneur est tué. Cela n'arrange pas les petites affaires de l'ex-tenancière qui voit fuir sa clientèle puisque que Méndez veille. Il se rend vite compte que la clientèle tourne autour de trois hommes, un conducteur de porsche 911, un type au nœud papillon, au regard de mort et Barrerra, un gros toujours vêtu de noir, vicieux et collectionneur de poupées gonflables. Tous des pédophiles... mais Méndez observe... Cela n'empêche pas une autre victime d'être exécutée ce qui oriente l'enquête vers le terrorisme et le péril islamique.

 

Heureusement, Méndez ne lâche jamais une proie ni une idée. Sa mémoire infaillible, un véritable disque dur, doit autant à son ancienneté dans le métier que dans les fréquentations pas toujours très catholiques qui ont été les siennes, l'aide beaucoup dans sa traque. Il s'ensuit des développements improbables, des aventures parfois sanglantes, bref une parcours labyrinthique qui sied si bien à la littérature policière.

J'ai bien aimé le personnage de Méndez décidément très attachant et son admiration pour la beauté des femmes. Ce récit décliné en chapitres courts et relatés dans un vocabulaire parfois poétique et émouvant mais surtout truculent ne m'a pas laissé indifférent. Il tient le lecteur en haleine jusqu'à la fin et ce roman lui donne l'occasion de formuler des aphorismes bien sentis sur la nature humaine et des réflexions de bons sens sur la marche du monde. Je retiens la traduction qui est pour beaucoup dans l'attachement du lecteur au texte du roman.

 

Je ne connaissais pas cet écrivain espagnol, son sens de la formule et son admiration inconditionnelle pour les charmes féminins. Il m'a été révélé par hasard (la Feuille Volante n° 436) et je ne regrette pas.

 

 

 

* Écrivain et journaliste espagnol, né à Barcelone en 1927.

©Hervé GAUTIER – Février 2011.http://hervegautier.e-monsite.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 





 

 

 





 

 

 

 

 

 

 

 

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