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la feuille volante

Il caffè dei miracoli


 

La Feuille Volante n° 1410Novembre 2019.

Il caffè dei miracoli - Franco di Mare - Rizzoli

 

Nous revoilà à Bauci, ce village imaginaire sur la cote amalfitaine.

On vient d'ériger, sur la place de l'église, juste devant la porte de l'édifice religieux, une statue en marbre du sculpteur Fernando Botero, à la fois plantureuse et surtout nue et ce quelques jours avant la fête de la sainte locale, sainte Euphasie, avec la procession qui, en présence de l'évêque, passera évidemment devant cette statue et son immense derrière. C'est "la Maja tropical" en hommage à Goya. Le tout évidemment avec l'assentiment du maire, Rocco Carillo et dans le cadre du Festival de l'art de cette année. Il n'en faut pas plus pour mettre hors de lui le curé, Don Enzo, qui exige son enlèvement. Il n'en est évidemment pas question puisque, pour le maire, c'est un geste politique qu'il partage d'ailleurs avec David Ferrigno, un professeur d'art qui doit tout au maire et qui veut faire de lui son conseiller culturel et donner à sa ville un intérêt supplémentaire. On envisage tout, depuis son enlèvement, trop coûteux, son déplacement de façon à lui faire tourner le dos à l'église pour que les fidèles qui en sortent ne voient pas sa nudité, son enveloppement façon Christo comme le suggère Elvira Neri, une belle femme célibataire qui travaille à Rome comme chef de la division des biens culturels et dont tous les hommes sont amoureux. Cette statue c'est, comme on dit, un hommage à Goya, l'auteur de la "Maja desnuda" qui ainsi deviendrait la "Maja vestida". Après tout Bilbao, petite ville espagnole a bien été transformée et connue mondialement grâce au musée Guggenhiem! Pourquoi pas à Bauci? C'est une idée qui plaît bien au maire et qui l'arrangerait politiquement et le rendrait célèbre. il pourrait même devenir sénateur! Ce serait simple si l'opposition locale ne risquait de faire capoter le projet parce que son chef a depuis longtemps un différent personnel avec le maire. On pourrait même faire financer ce musée par la communauté européenne comme le suggère Elvira Neri.

Les discussions entre le curé et le maire rappellent celle de Don Camillo et de Pepone et, pour corser le tout, on vient de trouver un petit bébé abandonné au pied de la statue. Il y avait déjà le café du village où s'étaient produit des miracles, la présence de cette enfant mystérieuse ravive cette idée.

Cette histoire, c'est avant tout une histoire de femmes, la statue d'abord, mais aussi Elvira, Carmelina, Doll et sa petite fille, et aussi la signora Ballarin, mais là c'est une autre histoire... Dans ce village tout le monde se connaît et tout se sait, surtout dans ce café! Apparemment c'est un roman léger et distrayant, sans prétention mais il est aussi le miroir de l'espèce humaine avec sa multitude de personnages, leurs faiblesses, leurs fantasmes, leurs petitesses.

J'ai bien aimé ce roman, plus intéressant à mon avis que "il toerema del babà" du même auteur. Je l'ai lu en italien parce que, à ma connaissance, il n'y a pas de traduction. Je l'ai même lu parfois à haute voix, ce qui, pour moi qui suis Français et amoureux de cette langue, m'a permis d'en goûter la musicalité.

 

©Hervé Gautier http:// hervegautier.e-monsite.com.

 
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