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la feuille volante

oeuvres poétiques

Jules Supervielle

 

Jules Supervielle (1884-1960) fait partie des poètes oubliés, malgré les rééditions au XX° siècle de ses œuvres, trop éloignées des courants de la poésie moderne et par ailleurs assez rebelles au classement, sans doute après son élection comme « Prince des poètes » en 1960 . L’auteur, né en Uruguay comme avant lui Lautréamont (en1846) et Jules Laforgue (en 1860), de parents français, a très tôt été tiraillé entre deux patries et deux cultures. Il sera toujours à cheval entre deux continents. Très tôt aussi, il a été orphelin ce qui l’a initié à l’idée de la mort. Ce furent pour lui deux déchirures qui ont nourri sa poésie d’autant que le décès de ses parents lui fut longtemps cachée par sa famille d’adoption et qu’il a dû, à l’âge de dix ans, quitter l’Uruguay pour venir en France avec son oncle et sa tante qui l’avaient recueilli, ce qui s’est traduit chez lui par une crise d’identité. Ses premiers essais d’écriture datent de cette époque, comme un exorcisme, mais son mode d’expression, inspiré de la poètes classiques français, ne lui a pas permis, à cette époque, de s’exprimer pleinement.

Son pays d’origine lui a donné cette impression d’espace et de liberté avec la pampa et la mer mais à son arrivée en France, Paris et son lycée parisien lui ont paru bien petits et il n’a trouvé en littérature que bien peu de références de son pays perdu. Ce n’est que bien plus tard qu’il retournera en Uruguay, s’y mariera, mais son écriture n’aura pas pour autant cette empreinte américaine et restera marquée par les parnassiens, et ce d’autant que les milieux littéraires uruguayens était largement influencés par la culture française. Rentré en France en 1910, son second recueil de poèmes(Comme des voiliers) est salué en Sorbonne pour la qualité de la langue française et ce d’autant qu’on s’intéresse de plus en plus à cette époque à ce qui se fait outre-atlantique. Revenu à Montevideo il raille gentiment la société citadine mais c’est la guerre qui le ramène en France où, après le conflit, il commence à s’affranchir des contraintes de la prosodie, adopte le vers libre pour ensuite donner libre court à son envie de célébrer la nature sud-américaine en vers rimés plus personnels et rejette l’alexandrin français au profit de l’alexandrin espagnol (14 syllabes). Il s’exprime aussi en prose et s’essaie à la fiction du conte et de la nouvelle, parfois un peu extraordinaire et même inattendue, ainsi qu’ au théâtre, retrouve la trace de sa famille française à Oloron Sainte-Marie et réussit grâce à l’écriture à faire la synthèse de sa double origine, réalisant une sorte de trait d’union entre l’Europe et l’Amérique du sud autant qu’entre la vie et la mort.

Il participe d’ailleurs activement, après la deuxième guerre mondiale à des échanges culturels entre la France et l’Uruguay, reste un poète résolument français, à la fois couronné par l’Académie française et attentif à la poésie contemporaine, mais toujours respectueux de ses deux cultures et de ceux qui les ont illuminées de leur talent. Il sera d’ailleurs, peu de temps avant sa mort sacré par ses pairs français « Prince des poètes » avec un hommage conjoint rendu par la NRF et une célèbre revue culturelle de Buenos Aires. Il reste un écrivain, à cause de ses origines sans doute, où se conjuguent les contraires, poète à l’écriture classique, en marge du mouvement surréaliste auquel il ne participa pas, désireux au contraire de maîtriser l’inspiration inconsciente pour mieux la fixer avec des mots même si ses poèmes peuvent parfois avoir un aspect ambigu.

 

Actuellement en France la poésie qui fait pourtant partie intégrante de la littérature n’est connue par le grand public que si elle passe par la chanson. Que je sache ce n’est pas le cas des poèmes de Jules Supervielle. C’est sans doute dommage et son côté « classique » y est sans doute pour beaucoup. On peut toujours rêver qu’un chanteur à succès se penche sur son œuvre. Ce serait une belle redecouverte.

 
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