la feuille volante

LA REPUBLIQUE DU CATCH

 

N°986– Novembre 2015

 

LA REPUBLIQUE DU CATCH Nicolas de Crécy - Casterman.

 

C'est une histoire un peu compliquée des forts contre les faibles, d'un petit bonhomme chauve, Mario, marchand de pianos, au physique de petit fonctionnaire subalterne, qui se cache derrière de grosses lunettes et que son neveu, Enzo, un bébé maléfique qui en fait n'est pas son neveu, veut tuer parce qu'il veut s'approprier sa boutique pour en faire une salle de jeu dans une ville aux faux-airs de New-York. En plus nous avons droit à un manchot pianiste (l'oiseau pas un homme, évidemment), ce qui est assez inattendu, une série de fantômes finalement sympathiques mais relégués dans une usine qui est une sorte de lieu oublié simplement parce qu’ils n'ont pas réussi leur vie (là j'y vois quelque chose que nous connaissons chez nous dans ces banlieues où s’agglutinent les chômeurs), des mafieux italiens peu engageants, des catcheurs costumés comme des super-héros de dessins animés américains, avec poursuites et combats un peu déjantés... Cela tisse un univers assez singulier. On peut donner la signification qu'on veut à cette fiction en forme de bande dessinée et ce d'autant que la fin offre largement la place à l'interprétation personnelle et à la suite qu'on peut soi-même imaginer. Après tout, peut-être y aura-t-il un autre album ?

 

Je ne suis pas un familier de ce genre de lecture que j'ai cependant tenté dans le cadre de « Masse critique » (merci à Babelio et aux éditions Casterman) mais je n'ai guère été convaincu. Ce que je retiens peut-être c'est une sorte de victoire des faibles sur les forts même si cela ne fonctionne vraiment que dans les romans et bien peu souvent dans la vraie vie. Quant à l'amour que ce pauvre Mario éprouve pour Bérénice la catcheuse, je ne l'ai pas bien senti non plus. Lui ne veut pas mourir sans avoir touché la peau d'une femme et sûrement aussi avant d'avoir fait l'amour mais, elle ne pense qu'à elle, qu'à sa carrière… Cela en revanche je peux le comprendre parce que cela met en évidence des facettes de l'espèce humaine, entre désirs inassouvis générateurs de mal-être, de frustrations et égoïsme.

 

Mettre en perspective le catch et la musique classique est en revanche une idée intéressante, même si je n'y connais personnellement rien ni en catch ni en musique, quant à la mafia… Il y peu de dialogue, c'est très visuel, un peu comme au cinéma sans histoire très structurée si ce n'est la quête d'un amour impossible. Certains personnages prennent des formes insolites, minimalistes parfois et subissent des transformations assez bizarres, le piano roule et le bébé parle comme un grand et tire au pistolet, ce qui illustre l'imaginaire débordant de l'auteur.

 

Le graphisme est lui-aussi minimaliste, en noir, blanc et nuances de gris, façon manga (Il me semblait que les mangas japonais se caractérisaient surtout par la dimension des yeux des personnages. Ici apparemment pas puisque Mario se cache derrière d'immenses lunettes rondes qu'il n'enlève épisodiquement que vers le milieu de l'histoire), puisque cette bande dessinée a été conçue pour un éditeur japonais comme l'explique l'auteur en fin de volume.

 

Je suis certainement passé à côté de quelque chose mais c'est quand même le résultat d'un travail d'auteur.

 

Hervé GAUTIER – Novembre 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com

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