la feuille volante

PARIS-LA ROCHELLE - Le samedi 17 juillet 2010. Bernard Giraudeau.

 

N°438– Juillet 2010

PARIS-LA ROCHELLE – Le samedi 17 juillet 2010. Bernard Giraudeau.

 

Comme tout le monde aujourd'hui, j'apprends la mort de Bernard Giraudeau dans un hôpital parisien.

 

Je n'ai pas l'intention de me livrer à un article nécrologique, d'autres le feront mieux que moi, et je n'ai vraiment pas la tête à cela. Je suis quand même satisfait que sa disparition ne passe pas inaperçue et qu'un hommage lui soit rendu. Ce n'est peut-être pas grand chose, mais quand même, le parcours de cet homme a quelque chose d'exceptionnel et de discret à la fois, de multiforme aussi...

 

Il ne suffit pas d'être né à La Rochelle pour aimer la mer, mais quand même, l'écume des vagues et le rythme de la houle coulent dans les veines de ceux qui sont nés et ont vécu dans un port et ce n'est sans doute pas un hasard si c'est dans la marine qu'il s'est engagé à 16 ans et si son œuvre d'écrivain est tournée vers le grand large, si la Royale l'a accueilli aussi comme écrivain de la marine. On avait d'ailleurs fait allusion à son nom lors du dernier défilé du 14 juillet.

 

Je ne m'étendrais pas sur son parcours de comédien, de réalisateur, de voyageur, de séducteur même, mais je retiendrai plus volontiers son talent d'écrivain. Cette revue s'en est d'ailleurs fait modestement l'écho [n°316 - 373].

Vraiment, j'ai bien aimé ce parcours, le succès populaire qu'il a rencontré, sa modestie aussi puisqu'il n'oubliait jamais de rappeler que, s'il était célèbre, et il n'y avait qu'à voir la foule qui se pressait à la signature de ses livres, il n'était pas de ces intellectuels prétentieux qui mettent en avant leur réussite. Il rappelait, à l'occasion qu'il n'avait pas fréquenté l'université ni fait de hautes études...

Ce que je retiens aussi, c'est son combat contre la maladie dont il avait choisi de parler simplement parce que cela pouvait aider ceux qui comme lui luttent contre le mal. Dans une civilisation qui occulte la souffrance et la mort, qui classe tout de suite et qui marginalise celui qui n'est pas dans la norme, il avait pris la décision de parler, et il fallait pour cela un certain courage! C'est vrai que le contact avec le public était pour lui une thérapie. Donner et recevoir...

Pourtant, quand je l'avais rencontré, ici à Niort, à l'automne dernier pour la sortie de son dernier livre, j'avais pensé que sa lutte contre la maladie était peut-être gagnée. De cette rencontre furtive il reste une dédicace, un visage de femme à peine esquissé qui l'accompagne et un souvenir devenu soudain plus précieux. Il avait parlé pendant plusieurs heures avec un public chaleureux qui était manifestement heureux de le rencontrer, de l'entendre parler, de le voir... Chacun avait noté non seulement le plaisir qu'il avait d'être là mais aussi la qualité de ce moment de partage... et sa bonne santé apparente.

 

La mort est une chose inéluctable, nous le savons tous, mais dans nos sociétés occidentales elle est cependant taboue et nous vivons comme si elle n'existait pas, comme si elle ne devait jamais arriver. Quand elle survient, par surprise ou parce qu'elle est annoncée, elle nous bouleverse. C'est à chaque fois pareil! Mais je le dis, cette disparition me touche profondément non pas seulement parce nous partagions le fait d'être nés le même jour au même endroit, mais parce que j'étais et je resterai admiratif du chemin parcouru et de l'exemple donné. C'était un beau parcours et quelqu'un de bien!

 

 

©Hervé GAUTIER – Juillet 2010.http://hervegautier.e-monsite.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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