TRAITE D'ATHÉOLOGIE - Michel ONFRAY
- Par hervegautier
- Le 23/06/2009
- Dans ESSAI - BIOGRAPHIE
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TRAITE D'ATHÉOLOGIE – Michel ONFRAY - GRASSET.
J'ai beau tenter de m'abstraire de ce christianisme qui a quelque peu bouleversé mon enfance, il continue de répandre ses méfaits dans notre société qui, même si elle ne veut pas l'avouer, garde une profonde empreinte judéo-chrétienne. L'ouvrage d'Onfray, aussi savant que polémique, bien écrit avec humour, documenté, pertinent et impertinent parfois, était donc pour moi l'occasion de faire le point sur ce qui restait de mes croyances intimes, nourries d'ailleurs par une littérature humaniste. Je l'ai donc lu avec attention, y cherchant, le cas échéant, une justification de mes certitudes ou de mes abandons.
Il s'agit donc de parler de la présence de dieu, sous quelque forme que ce soit, dans notre société. Veut-on l'en chasser, il finit toujours par revenir. C'est que les hommes, mortels par essence, occultent, à tout le moins en occident, cette issue normale de la vie qu'est la mort. Il en résulte une peur exploitée savamment par les tenants de toutes les religions, qui, sous forme d'un nécessaire salut dans un au-delà qu'ils affirment réel, se croient autorisés à peser sur notre vie terrestre qui n'est que transitoire. Pour cela, ils nient l'intelligence, la pensée, la réflexion, édictent tabous et interdits, des règles morales dont le respect serait le sésame pour l'accès à ce paradis... Sans quoi, ce sont les feux de l'enfer qui nous attendent, pour l'éternité![une autre peur]! Ainsi assiste-on au retour du religieux dans notre vie et avec lui toute une série de négations, dont celle du corps, celui de la femme [nécessairement inférieure à l'homme par essence] en particulier, de la jouissance qu'il procure et qui serait un obstacle dans ce parcours obligatoire vers dieu. Il convient donc, pour le combattre, d'adopter une attitude hédoniste où l'esthétisme tient une grande place. Pourquoi pas?
De plus, l'homme a besoin de se sentir protégé. Quoi de plus normal que d'inventer une divinité qui jouera ce rôle? A cela, l'auteur oppose une définition de l'athéisme, démystifiant les monothéismes chrétien, juif ou musulman, démontant cette fiction de dieu, en en « déconstruisant » l'idée, sans cependant privilégier le nihilisme, simplement parce l'empreinte religieuse est présente jusque dans notre pensée et dans nos réactions. Que ces religions, qui ne sont finalement que des entreprises humaines, soient néfastes, je veux bien l'admettre, l'histoire est là pour nous en apporter une preuve surabondante [leurs déviances ne sont depuis longtemps plus à démontrer], et ne pas croire en ces religions reviendrait à ne pas croire en dieu, à être athée! Mais qu'en est-il de dieu puisque l'auteur entend nous montrer qu'il n'existe pas, ou qu'il serait mort? Lui aussi serait une création humaine liée à tous nos fantasmes et d'autant plus « crédible » qu'il est immatériel et donc au nom de qui ses représentants peuvent facilement parler! Cela je veux bien le croire. D'ailleurs l'auteur en appelle à des auteurs incontestés pour étayer son discours. Il démontre d'une manière surabondante que Jésus n'a pas existé en tant que personne physique unique, pointe du doigt des contradictions historiques flagrantes, indique que ses apôtres n'ont guère été les témoins de son existence humaine, que la chrétienté se réfère à la Vulgate, rejetant délibérément les écrits apocryphes, que St Paul n'était pas autre chose qu'un ignare frustré, que la chrétienté à fait beaucoup de ravages [et continue à en faire]au nom d'un Évangile dont elle a oublié le message de paix et d'amour, en s'alliant notamment avec tous les pouvoirs terrestres, que la littérature monothéiste est dogmatique, assez approximative et finalement fortement sujette à caution. Bref que tout cela n'est qu'une joyeuse compilation de textes disparates, incohérents, contradictoires et sans grande unité mais que les religions qui s'y réfèrent prennent pour unique boussole et dont chacun s'arrange à sa guise.
Pire peut-être, ces religions qui proclament la paix adorent la guerre et la mort et la justifient bien souvent, sans souci de la contradiction... et les fidèles suivent aveuglément sans mettre en doute cet enseignement! Et il ne réserve pas seulement ses remarques et critiques au seul christianisme, il y associe Judaïsme et islam qui, à se yeux, ne valent pas mieux sur le plan de l'enseignement.
Face à ce déferlement de démonstrations et de vérités, l'auteur milite pour une laïcité post-chrétienne... mais il avertit, elle s'appuie aussi sur l'éthique judéo-chrétienne et ne cherche à en modifier que la forme, l'aspect visible. La pensée laïque conserve un fond de christianisme, il faut donc la dépasser. L'égalité prônée par la république ne serait pas suffisante et peut-être même néfaste en ce qu'elle invite au relativisme qui uniformise tout. Selon l'auteur, il faut « promouvoir une laïcité post-chrétienne, à savoir athée, militante et radicalement opposée à tout choix de société entre le judéo-christianisme occidental et l'islam qui le combat » et de conclure « Aux rabbins, aux prêtres, aux imams, ayatollahs et autres mollahs, je persiste à préférer le philosophe ».
Cette invitation à ne plus croire en dieu m'intéressait d'emblée, cela me paraissait un thème de réflexion parfaitement humain. L'étude documentée des trois religions monothéistes m'a paru convaincante, encore qu'appliquée au raisonnement logique, leur discours toujours prosélyte ne résiste pas bien longtemps. Cependant la préférence donnée à la philosophie, comme remplacement efficace à des croyances aussi brillamment combattues ne me convainc pas davantage. Je dois cependant noter qu'elle a au moins l'avantage de ne pas jouer sur l'existence d'un monde après la mort et de fonder son enseignement sur cette hypothèse.
Ce livre ne fera de moi ni un athée convaincu ni [ sûrement pas] un chrétien militant!
©Hervé GAUTIER – Juin 2009.http://hervegautier.e-monsite.com
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