la feuille volante

Francesca Comencini

  • Prima la vita

    N°1964– Février 2025.

     

    Prima la vita - Un film de Francesca Comencini. (Sorti en France en février 2025)

     

    C’est un film autobiographique entre deux personnages émouvants qui se déroule principalement en Italie sur une assez longue période qui est surtout marquée par les années de plomb et l’ assassinat du président de la « Démocratie chrétienne » Aldo Moro en 1978.

    Le père Luigi Comencini (1916-2007), remarquablement représenté par Fabrizio Gufini, est un célèbre réalisateur italien à qui sa fille, incarnée par Romana Maggiora, rend un hommage vibrant. Cette relation père-fille sera évoquée à la fois avec intensité et simplification. On sait que que le père est marié ou l’a été puisqu’il porte toujours son alliance mais son épouse est absente de cette famille monoparentale portée par lui seul. Il ne s’agit donc pas d’une saga familiale au sens strict. Il y a en effet une complicité intense entre ces deux personnages, Luigi, avec son passé de pauvre émigré italien devenu réalisateur, se chargeant de l’éducation de sa fille en cherchant à lui retransmettre par l’exemple des valeurs traditionnelles comme la sincérité, la beauté de la nature, l’art, la confiance qu’il lui témoigne et qu’il exige aussi d’elle, le respect de cette petite fille qui s’éveille à la vie, entretenant le plus longtemps possible et en toutes occasions, notamment à travers son travail sur Pinocchio, réalisé en 1972, l’esprit d’enfance avec ses rêves et ses frayeurs, dans ce noyau familial restreint. Il y a en effet un parallèle sur la paternité entre ce pantin de bois, ses aventures naïves, et son vieux créateur. L’épisode où la marionnette est avalée par une baleine dans la fable de Carlo Collodi et qui fait peur à Francesca, sert en quelque sorte de transition à la deuxième partie du film où, devenue femme, elle sera confrontée aux réalités de la vie, la drogue, le mensonge, la volonté de révolution, l’amour, la maternité, l’échec et le relèvement , le temps qui passe avec la vieillesse de Luigi, la mort…

    Ce parcours de vie me paraît marqué par la solitude, celle du père célibataire face à sa petite fille à qui il veut transmettre en permanence et par sa présence constante auprès d’elle, son message éducatif puis son soutien dans le cinéma dont elle fait elle aussi son métier, celle de Francesca devenue femme et mère face à un père vieillissant et malade. Elle voit lui échapper cet homme qui a toujours fait prévaloir la vie et elle. prend conscience qu’elle ne sera jamais à sa hauteur.

    Je voudrais souligner le remarquable travail de maquillage réalisé sur la personne de Luigi qui ainsi marque cette fuite du temps comme référence au titre original « Il tempo che vuole » ( le temps qui veut)

    C’est un émouvant témoignage consacré à la mémoire de son père à qui elle fait dire que, par-delà le cinéma qui est leur domaine d’expression, c’est d’abord la vie qui prime. « Prima la vita » ;