UN BEAU CAPTIF
- Par hervegautier
- Le 04/07/2014
- Dans Frédéric LENORMAND
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N°759 – Juillet 2014.
UN BEAU CAPTIF - Frédéric Lenormand – Fayard.
Nous sommes sous le Directoire et un jeune homme d'environ treize ans vient d'être découvert, errant dans la ville. Nicolas-Joseph Lecacheur, commissaire de police de son état, tente de faire respecter l'ordre public dans Châlons-sur-Marne dans ces temps qui succèdent à la Terreur que chacun veut oublier. Il vient d'arrêter ce vagabond qui pour lui est suspect d'avoir des origines aristocratiques. Ce serait même le dauphin pourtant officiellement mort trois ans auparavant. Il est vrai que cet épisode avait nourri pas mal de supputations sur une éventuelle survie de ce personnage et la disparition violente et mystérieuse de familles célèbres, surtout quand il s’agit d'enfants, on pense aux Romanov, a toujours nourri les fantasmes les plus fous. Chacun en effet y va de son témoignage pas toujours de première main où l'imagination le dispute à la volonté de s'accrocher à un éventuel miracle, entre subterfuge, opportunisme, crédulité, délation et intolérance , un vrai miroir de la condition humaine ! De plus, avons-nous affaire à un imposteur ou au réel descendant royal ?
Il le met donc en prison et la présence de ce jeune homme provoque une émotion dans cette petite ville. Notre fonctionnaire se heurte à titre personnel à Rosalie, son ex-épouse qui non seulement a obtenu le divorce grâce à une loi récente mais aussi exerce la fonction de concierge dans ladite prison. Elle a trouvé là un bon moyen de s'opposer au commissaire et s'occupe maternellement de ce nouveau « pensionnaire ». C'est vrai qu'à en croire Lecacheur, à l'époque on voyait des rois partout et cette folie collective qui s'est emparée de Châlons se manifeste jusque chez les commerçants qui font à ce jeune homme un crédit illimité sur sa bonne mine c'est à dire sur sa ressemblance supposée et donc sur sa parenté avec le défunt roi. Il faut dire que le jeune homme se prend au jeu et que sa cellule a désormais des allures d'hôtel particulier, ce qui indispose notre commissaire et risque de nuire à son avancement. Au bout de huit mois de ce qu'on peut appeler une galéjade, les choses sont revenues à leur vraie place avec sanctions, avertissements, retour à l'anonymat pour le faux-roi, désappointements pour ceux qui se sont laissés berner. Beaucoup de bruit pour rien finalement et, comme à chaque fois, l'oubli est venu recouvrir tout cela.
A travers des échanges épistolaires, des dénonciations, des extraits de journaux intimes, des rapports et des notes de service, l'auteur nous fait partager cette histoire un peu folle. J'ai eu l'habitude dans cette chronique de dire tout le bien que je pense de l’œuvre de Frédéric Lenormand. J'ai certes retrouvé avec plaisir son habituelle érudition [Je salue ici une nouvelle fois sa culture et son travail d'archiviste],mais je dois dire qu'ici, je me suis un peu forcé pour poursuivre ma lecture, en raison peut-être de l'intérêt que d'ordinaire je lui porte, mais je n'ai pas retrouvé le souffle et le style que me plaisent tant chez lui. D'autre part, le parti-pris de la présentation, nécessairement différente d'un roman traditionnel, me paraît peut-être justifier cette opinion. J'ai donc été un peu déçu mais quand même reconnaissant pour son travail d'écrivain.
©Hervé GAUTIER – Juillet 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
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