la feuille volante

CENTRAL PARK

N°760 – Juillet 2014.

CENTRAL PARK – Guillaume MUSSO – XO EDITIONS.

 

Un matin un peu froid et sur un banc dans une forêt, un homme et une femme endormis. Jusque-là rien de bien extraordinaire, sauf qu'ils sont menottés, qu'Alice est un flic parisien qui a passé une soirée un peu folle avec ses copines aux Champs-Élysées et Gabriel, pianiste de jazz a joué la veille à Dublin. Ils ne se connaissent pas, ne se sont jamais vus et sont à Central Park près du romantique Bow Bridge à New-York ! Le seul point qu’ils ont en commun est celui d'avoir pas mal picolé de sorte que ni lui ni elle n'ont aucun souvenir de cette nuit. Tel est le point de départ de ce roman policier assez improbable et même carrément impossible. Suivent tout un tas d'aventures aussi échevelées que violentes au terme desquelles ils finissent par se débarrasser des menottes et se procurer un peu d'argent. Ce qui suit n'est pas moins surréaliste que le début avec de nombreux analepses qui distillent l'histoire de chacun, surtout celle un peu cahoteuse d' Alice dont la vie est marquée par la mort. Le lecteur est entraîné dans des histoires parallèles, dans des arcanes compliqués et marche évidement dans le jeu, d'autant que l’auteur tisse autour de cette femme des anecdotes qui rendent les événements crédibles même si parfois ils frôlent l'invraisemblable.

Guillaume Musso entretient le suspense, rajoutant à l'envi des détails qui entretiennent l’énigme même si au début le rythme s'essouffle un peu. Il y a une étude de cratères : Elle, autoritaire, orgueilleuse, dominatrice, violente parfois, lui, passif au début qui se rebiffe, agit, imagine, et installe Alice en plein mystère. En réalité il maîtrise parfaitement la situation et, avec un peu de chance, attire sa partenaire là où il souhaite la mener. Il y a aussi cette idylle qui naît entre eux, qui ne se révélera qu'à la fin, mais pas dans le contexte ordinaire d'un thriller.

Mais, est-ce vraiment un thriller ? Il n'est d'ailleurs pas vraiment présenté de cette manière sur la 4° de couverture. Certes l'action se déroule aux USA où la société est marquée par la violence, certes il y a une ambiance et un souffle policiers et c'est seulement à la fin que Musso assemble les nombreuses pièces du puzzle qu'il a savamment éparpillées pendant 380 pages. Le texte se lit facilement comme un polar et le style, sans véritable recherche, est coulant comme celui qu'on attend d'un roman policier. Il y a des meurtres certes mais ils sont surtout évoqués au passé et le seul sang qu'on voit n'est que de l'hémoglobine sur le chemisier d'Alice. Tout cela, toutes ces situations rocambolesques pour introduire un peu rapidement quand même ce qui n'a rien à voir avec une intrigue policière. Je veux bien qu'elle trouve dans ces quelques paragraphes de la fin une explication logique mais c'est quand même une façon inattendue d'aborder une maladie qui nous guette tous, contre laquelle actuellement la médecine n'a pas d'armes efficaces. Cela me semble un peu rapide, un peu facile et même un peu léger d'aborder ainsi une maladie aussi grave. L'effet recherché est évidemment atteint mais cela me paraît un peu artificiel d'expliquer un roman à ce point compliqué par une maladie qui frappe des gens de plus en plus jeunes.

 

Je l'ai déjà dit dans cette chronique, la fiction n'excuse pas tout. Les romans peuvent parfaitement embellir la vie, cela ne coûte rien et l'imaginaire peut constituer un refuge. Je ne sais pas pourquoi mais je suis de moins en mois friand des « happy-end ». Ici, cela me paraît un peu facile de conclure ce roman en mettant en balance ce mal inexorable et l'amour qu'Alice inspire malgré elle à Gabriel. Je ne sais pas pourquoi, cette fin ne me paraît pas crédible, peut-être parce que dans la vraie vie cela sonne faux, peut-être parce que je dois avoir une perception différente de celle des autres ?

 

Ce livre est le premier que je lis de Guillaume Musso, un peu parce qu'il est un auteur médiatique qu'il faut avoir lu pour pouvoir en parler, un peu à cause des souvenirs personnels que j'ai de Central Park et de New-york. Pourtant ce roman m'a un peu déçu à cause du contexte publicitaire nécessairement déformant malgré aussi cette envie d'en savoir davantage sur cet écrivain dont l'intérêt n'est pas forcément au rendez-vous.

 

©Hervé GAUTIER – Juillet 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com

 
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