la feuille volante

Alcools - Guillaume Apollinaire

N° 1525 - Janvier 2021

 

Alcools – Guillaume Apollinaire – Commentaire par Henri Scepi - La bibliothèque Gallimard.

 

Dans l’histoire de la poésie française Guillaume Apollinaire a une place à part , non seulement à cause de ses origines étrangères, de sa filiation naturelle et de sa volonté de devenir quelqu’un, mais surtout parce qu’il y a imprimé sa marque audacieuse après le Parnasse et le Symbolisme dont il est cependant l’héritier comme il l’est aussi, solitaire et mal-aimé, d’une certaine forme de romantisme. Son recueil « Alcools » publié en 1913, qui n’est pas sa première publication, s’inscrit dans cette évolution et consacre son talent de poète. Ce qui frappe en premier lieu, c’est cette absence de ponctuation ? supprimée par l’auteur lors de la correction des épreuves, et ce détail est aujourd’hui considéré comme une innovation importante bien qu’elle ait été pratiquée avant lui, notamment par Mallarmé. Sa façon d’écrire, reliée peu ou prou au cubisme par la juxtaposition d’images et de motifs disparates, procède de ce modernisme et se nourrit de son amitié avec Picasso et Braque. Il les défendit en tant que critique d’art et ce courant artistique n’a pas été sans influencer Apollinaire dans son action en faveur de la libération du langage poétique au regard de la métrique classique et des images. De plus ce recueil porte une forte marque autobiographique et intègre des regrets passés et des passion anciennes exhumés de l’oubli. Il évoque des amours passionnées mais surtout malheureuses et avec elles le sentiment d’abandon et de souffrances ; »Le pont Mirabeau », « zone » « Marie » attestent de ce parcours amoureux difficile et de l’effet cathartique de l’écriture autant que son pouvoir d’invite à la création nouvelle. D’une certaine façon le titre « alcools » peut se justifier ainsi avec toute la symbolique attachée à une « eau de vie ». Comme toute œuvre de précurseur, ce recueil a eu ses défenseurs mais aussi ses détracteurs et la critique a été violente. Ce recueil couvre un large pan de la vie d’Apollinaire ; c’est le résultat d’une longue gestation créatrice.

 

Henri Scepi nous invite à une lecture progressive et méthodique de ce recueil en cinq temps pédagogiques en l’enrichissant de ses commentaires et de ses remarques. Il livre à une analyse rigoureuse de certains textes emblématiques de ce recueil, explique la poétique d’Apollinaire, ce qui fait de ce livre un ouvrage davantage destiné aux lycéens et étudiants en lettres (avec des illustrations littéraires, sujets de dissertations, pistes de réflexion, retours sur l’importance du recueil et son destin littéraire...) ce qui n’empêche pas le simple lecteur de se livrer à une découverte curieuse et passionnante de ce poète ainsi que d’autres. C’est une bonne chose parce que la poésie est actuellement un peu oubliée de la littérature dont cependant elle fait partie intégrante. Quand la chanson ne s’en empare pas pour accrocher des notes aux vers des poètes trop vite oubliés, comme ce fut le cas avec des chanteurs malheureusement disparus, elle est pratiquement occultée de la culture française, ce qui est bien dommage.

 
  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

 
×