la feuille volante

Olivier Norek

  • Les guerriers de l'hiver

    N°1979– Mai  2025.

     

    Les guerriers de l'hiver - Olivier Norek - Michel Lafon.

     

    Nous sommes en novembre 1939 et Staline envahit la Finlande à la suite de l'échec des négociations visant à créer sur son territoire une zone tampon pour protéger la ville de Leningrad d'une attaque allemande. Cette "guerre d'hiver" qui ne dura que 105 jours (jusqu'en mars 1940) opposa la petite armée finnoise à l"armada soviétique. A l'issue de ce conflit, la Finlande perd certes 10% de son territoire mais est cependant considéré comme un désastre russe parce que ces combats ont mis en évidence l'extraordinaire combativité des Finlandais dont l'un d'eux, le sniper Simo Häyhä, un simple paysan mobilisé, particulièrement doué pour le tir et à l'étonnante facilité d'adaptation, a réussi à lui seul à éliminer un nombre impressionnant d'ennemis au point de mériter le surnom de "La mort blanche". Ce roman est aussi un acte de mémoire pour tous ceux qui sont morts pour la défense de leur pays;

    Cette "guerre d'hiver" se déroule quand la France connaît la "drôle de guerre" selon l'expression de Roland Dorgelès, et après la signature du pacte germano-soviétique d’août 1939. Elle a donné lieu à une réprobation officielle des démocraties européennes et s'est terminée par une perte de territoires pour la Finlande mais ce confit a mis en évidence les faiblesses de l'armée russe et inspirera sans doute Hitler pour l'invasion de la Russie. Cela n’empêcha pas Staline de donner l’ordre à son armée de continuer le combat malgré la signature de l’armistice avec la Finlande.

    L'histoire égaillerait-elle dans cette partie du monde puisque l'actuel conflit en Ukraine ressemble étonnement à cette "guerre d'hiver"dont les leçons sont à méditer. Même agresseur russe, mêmes fausses raisons avancées pour l'agression injuste de la Finlande, même disproportion des forces armées, même mépris des Russes pour la vie de leurs propres soldats, mêmes bombardements aveugles pour terroriser les populations civiles, mêmes mensonges officiels servant la propagande, mêmes erreurs de stratégie des officiers survivants des purges de Staline, mêmes dissimulations de la réalité des combats face à un dictateur redouté, même sous-équipement des agressés face à la puissance envahissante, mais aussi de la part des agressés, même façon de s'adapter intelligemment et courageusement aux circonstances face à l’obéissance aveugle de l'ennemi aux ordres du Kremlin.

     

    OlivIer Norek, surtout connu pour ses thrillers, change ici de registre pour le roman historique puisque l'histoire passionnante et fort bien écrite de Simo Häyhä (1905-2002), est authentique comme l'est celle des autres personnages. qui peuplent ce moment historique. C'est un roman bienvenu dans la mesure où il révèle une guerre un peu oubliée, en marge de la Seconde guerre mondiale, où les Européens ont abandonné les Finlandais mais la nation finlandaise en est sortie renforcée. Il nous invite aussi à retenir les leçon de l'Histoire.

     

     

  • Surtensions

    N°1978– Avril 2025.

     

    Surtensions - Olivier Norek - Michel Lafon.

     

    Le départ de toute cette histoire est le rapt avec demande de rançon de David Sebag, 19 ans, fils de Marc Sebag , patron d'une grosse boite de consulting informatique. Le groupe du capitaine Coste du SDPJ 93 se charge de cette affaire mais eu égard à la notoriété de Sébag, de sa réussite et peut-être aussi de sa confession juive dans un contexte très antisémite, c'est la BRI (antigang) prend le relais puis d'autres services, cantonnant le groupe de Coste aux recherches accessoires. La rançon tardant à être payée, les ravisseurs tuent David.

    D'autre part, le frère d'Alexandra Mosconi, Nunzio est en préventive pour une montre de luxe qu'il portait et qui aurait été reconnue comme faisant partie du braquage d'une importante bijouterie. Le but d'Alexandra est de faire libérer son frère avec des complices peu recommandables et un avocat douteux qui imagine un plan audacieux non dénué d'arrières pensées ce qui n'est pas sans brouiller un peu plus cette affaire.

    L'auteur, ancien capitaine de police, n'épargne rien au lecteur des techniques investigations et d'interrogations policières mais aussi des procédures à respecter en cas d’intervention de l'IGPN, non plus d'ailleurs que les astuces des délinquants pour ne pas être repérés, les manœuvres des avocats pour couvrir leurs clients. Il se fait un devoir de relater l'atmosphère malsaine des prisons et les violences, y compris sexuelles, qui y ont lieu, la guerre interne des services de police, les querelles hiérarchiques, les abus d'autorité, les jalousies d’alcôves, mais aussi la cohésion du groupe, la psychologie des policiers en cas d'accidents, le tout sur un rythme soutenu plein de suspens qui laisse le lecteur en tension.

    Une des choses que j'attends de la littérature, et le roman policier en fait évidemment partie, c'est d'être le reflet de son temps. L'espèce humaine est telle qu'elle ne peut que servir de modèle à ce genre de création puisque notre société est de plus en plus folle et violente. Je suis assez fan des romans policiers mais pas forcément de ce genre haletant avec agressions . Pourtant, au fil des pages, pris par l'action un peu compliquée de ce roman et malgré un style assez brut qui pourtant se lit bien, je me suis lissé happé par l'histoire.

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