la feuille volante

Ce que je sais de Véra Candida

 

N°394– Février 2010.

CE QUE JE SAIS DE VERA CANDIDA – Véronique OVALDE – Éditions de l'Olivier.

 

Dès la première ligne le ton est donné «  Quand on lui apprend qu'elle va mourir dans six mois, Vera Candida abandonne tout pour retourner à Varapuna ».

 

Qui est-elle donc, cette femme qui, au pas de la mort, choisit de revenir sur le lieu de son enfance et de confier au lecteur, certes à travers une narratrice, ce que fut sa vie? Pourquoi, choisit-elle de rompre un destin tracé à l'avance, celui des femmes vouées à la prostitution, l'asservissement, la misère et l'enfantement. Pourtant la vie semblait toute tracée. Rose sa grand-mère et Violette sa mère, toutes éprises de liberté avaient assumé leur vie, leur maternité, loin des hommes, de leur présence, de leurs responsabilités paternelles et d'une famille traditionnelle. Pourtant, Vera Candida part, dès quinze ans, enceinte, la tête pleine d'illusions, pour un ailleurs qu'elle imagine plus radieux, plus neuf et porteur d'espoirs que dans ce village de Varapuna...Ce sera une ville, Lahomeria, où elle croisera un homme, Itxaga, au passé tourmenté, qui s'intéressera à elle, en deviendra naturellement amoureux. Elle aussi mettra au monde un fille, Monica Rose.

 

Cela ressemble à une fable qui ne commencerait pas par la traditionnelle formule « Il était une fois », comme celle qu'on raconte aux enfants pour leur faire croire que le monde est beau. Cela se déroule dans un pays plus ou moins imaginaire de l'Amérique du Sud où il fait chaud mais hélas, la réalité reprend rapidement le dessus sur le merveilleux. Cela a commencé avec sa grand-mère Rose Bustamente, ancienne prostituée devenue pêcheuse de poissons volants, séduite par Jéronimo, un véritable goujat qui l'ignore surtout depuis qu'elle met au monde la fille,Violette, qu'elle a eue avec lui et qu'elle va élever seule. Elle représente l'archétype de femme soumise, non à un homme, mais à son destin. A l'issue de sa courte vie, Violette donnera naissance à Vera. Ce sera elle qui choisira de rompre cette logique traditionnelle et d'inviter sa propre fille à marcher sur ses traces en s'émancipant, mais pas par la fuite comme sa mère mais par l'étude. Elle confiera même à sa mère son intention de partir en Angola s'occuper des réfugiés. Véra, de son côté, poursuivra en quelque sorte cette fuite en quittant Itxaga, l'amour de sa vie!

C'est un univers de femmes différentes, victimes à leur manière à la fois de leur destin et de leur condition qui illustrent la difficulté d'être. Le décor tropical et les noms un peu irréels ne parviennent pas à nous faire oublier le côté sordide et violent. Cette transposition dans un pays imaginaire ne réussit pas à créer un dépaysement que j'aime tant retrouver dans la lecture.

Le récit qui est fait de ces trois vies me paraît bizarrement silencieux(sauf peut-être vers la fin entre Véra et sa fille) en ce sens que ces femmes ne se parlent pas entre elles, ne se confient rien de leur vie, vivent, presque côte à côte sans échanger un seul mot.

 

Je n'ai pas trouvé que le style de ce roman était aussi enchanteur qu'on a bien voulu le dire. Je m'attendais à autre chose et je retire de la lecture de cet ouvrage une impression mitigée, pas vraiment un engagement à accompagner l'auteur dans son parcours.

 

© Hervé GAUTIER - Février 2010.

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