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la feuille volante

THE BEST OF PAOLO CONTE.

 

 

N°265 – Janvier 2007

 

THE BEST OF PAOLO CONTE.

 

 

Paolo Conte, c’est d’abord la musique, une musique caractéristique avec sa voix rocailleuse et profonde comme les vallées et les montagnes de son Piedmont natal. Son parti pris pour le jazz ne se dément pas dans ce disque[ Sotto le stelle del jazz – Happy feet].

 

Les chansons sont traditionnelles et ont fait depuis longtemps son succès [Gelato al limon, via con me, Azzurro…], accompagnées au  « piano forte » égrenant ses notes enivrantes et toujours avec cette couleur entraînante et dépaysante que prête le jazz et son rythme « Nouvelle Orléans »[Gong-oh]. Je n’oublierai pas non plus la Milonga qui ne l’a jamais laissé indifférent [Alle prese con una verde milonga ]

 

A mes yeux, un disque, c’est comme un recueil de poèmes ou les textes ne sont pas choisis au hasard mais entendent faire passer quelque chose qu’il faut lire et découvrir avec sa propre sensibilité sous les notes et sous les mots.

 

C’est la recherche de la femme, son double, son complément, une étrangère peut-être [Via con me - Elisir] mais aussi quelqu’un qui se situe à la lisière de l’incompréhension et de la complicité, la critique [Sparring Partner], la trahison et l’abandon peut-être, la solitude sûrement [Azzzurro] avec aussi un brin de nostalgie [Ho ballato di tutto], quelque chose comme un amour impossible et un regret du temps qui passe laissant derrière lui la cicatrice des souvenirs.

 

C’est peut-être une vue de mon esprit, mais je choisis d’y voir une forme de révolte contre la solitude, le temps qui passe et avec lui toute chose, même les plus intimement et amoureusement vécues [Gelato al limon] parce que l’amour peut n’être qu’une passade, qu’une foucade et ne durer que le temps d’une glace au citron, d’une journée à la mer, que la vie transitoire et contingente n’est finalement qu’une comédie, qu’une illusion et qu’il n’en restera rien quand elle aura été rejointe par la mort.

 

Cette évocation d’Hemingway, que je tiens personnellement comme le plus grand écrivain américain et assurément un témoin et un acteur de son temps, ne peut me laisser indifférent. Elle est à la fois un hommage à sa vie mais passe sous silence sa recherche constante de la mort qu’il finit par trouver dans le suicide. Je fais confiance à Conte pour tresser les mots dans une suite annoncée « Peut-être un jour, m’exprimerai-je mieux ? », dit-il à la fin de sa courte chanson.

 

Cette existence, ce passage sur terre, n’est pas un long fleuve tranquille, cela nous le savions déjà, le doute et la déprime en font partie et l’image juste évoquée du « Mocambo » et son arrière goût d’échec vient nous le rappeler[Gli impermeabili]. Là, le rythme change, comme pour souligner cette différence d’approche.

 

Je retiens aussi cette image fugace de cinéma, celle des journaux qui s’envolent [Bartali ], cette enfance à jamais enfuie et si bien invoquée à travers les images de Gênes, une ville et une chanson qui se confondent sous ses doigts et dans sa voix et qui reste pour moi un poème émouvant, un vrai chef-d’œuvre [Genova ].

Son écriture m’a toujours paru délicieusement surréaliste[Gong-Oh – Sparring-partner…] et évocatrice de cette écume des jours qui nous envahit et parfois nous submerge. Paroles écartelées qui répondent à une musique parfois désarticulée où le musicien et le poète se confondent et se rejoignent pour un moment d’exception.

 

Pour que le tableau soit complet, il lui ajoute une note de dérisoire [Quadrille] et aussi un soupçon de légèreté[ Happy feet]

 

Ce qui manque dans ce disque apparemment enregistré en studio, c’est le public, son public qui accompagne si bien chacun de ses passages sur scène et qui sait lui témoigner son attachement et son admiration… mais c’est quand même un bon moment.

 

© Hervé GAUTIER http://monsite.orange.fr/lafeuillevolante.rvg 

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