la feuille volante

LES RENDEZ-VOUS

N°780 – Août 2014.

 

LES RENDEZ-VOUS - Christian OsterLes Éditions de Minuit.

 

Francis, le narrateur, donne à Clémence des rendez-vous dans un café sans l'en avertir... On comprend bien que dans ces conditions elle n'y vient pas. C'est qu'elle a fait partie de sa vie, mais depuis trois mois elle en est absente. Du coup, il se donne rendez-vous à lui-même, chez lui, mais l'autre lui-même qu'il a convié n'est pas là. Ainsi dîne-t-il seul et s’abandonne au sommeil puisqu'il est livré à lui-même et que tout le monde s'en fout ! Pourtant, il poursuit ses rendez-vous fictifs, un peu comme si toute sa journée se résumait à ces instants qui dès lors sont synonymes d'absence, de déception, de désespoir. Sa nouvelle vie articulée autour de ces fantasmatiques rendez-vous le coupe de la plupart de ses amis mais il convie quand même l'un d'eux, Simon, dont l'épouse, Audrey, vient de le quitter il y a trois jours lui laissant leurs deux enfants. Du coup ils sont deux à attendre leur femme et Francis part du principe que si Audrey peut revenir, il n'y a pas de raison pour que Clémence n'en fasse pas autant. Pour le soutenir dans son épreuve, Francis décide d'attendre lui aussi Audrey qui se manifeste d'ailleurs auprès de lui ce qui lui fait oublier ses problèmes personnels. Voila donc le lecteur devenu le témoin de deux chaos amoureux comme les affectionne Oster. Au vrai il n'y a rien d’extraordinaire, c'est plutôt deux drames minuscules avec une femme au centre de chacun d'eux. En fait Francis est comme les héros des romans d'Oster, un homme en manque d'amour et, malgré lui, grâce au hasard et un peu aussi à son ami, son destin va changer. Pourtant il ne s'attend pas du tout à ce qui va lui tomber dessus mais pour lui qui est toujours amoureux de Clémence et qui l'attend c'est assez étonnant et il y a de quoi être surpris. C'est un homme ordinaire, timide, sans relief et sans originalité, à qui il n'arrive rien d'habitude et le départ de sa femme est un événement qu'il a du mal à surmonter. On a beau se dire que cela peut arriver à tout le monde mais s'il est bien obligé de croire à l'absence de Clémence et ce qui lui arrive par ailleurs le bouleverse, le gêne, l'amène à se poser des questions, lui occasionne des états d'âme. L'instant de stupeur passé, il s'habitue, d'ailleurs très vite, se coule dans son nouveau rôle qui lui ouvre des horizons.

 

Le style est toujours le même, ce qui n’est pas forcément désagréable, le monologue accentue au début la sensation de solitude du narrateur et donne même une impression un peu labyrinthique, les situations ont un petit parfum de surréalisme (présence d'une panthère dans la salon de Simon qui est gardien d'un zoo), sont même un peu absurdes mais c'est là l'univers d'Oster. Dans la deuxième partie du roman les dialogues inverse cette sensation de solitude du début.

 

Je découvre l’œuvre de Christian Oster mais j'avoue que j'ai été un peu surpris par l'ambiance de cette histoire. Elle a beau vouloir être originale et l'est peut-être mais j'ai quand même été un peu déçu.

 

©Hervé GAUTIER – Août 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com

 
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