la feuille volante

PARFUM DE FEMME - film de Dino RISI (1974).

 

N°350– Juillet 2009.

PARFUM DE FEMME – film de Dino RISI (1974).

Mercredi 8 juillet 2009 – Cinéma Classic.

 

L'histoire de ce film, devenu un classique, est connue. Fausto, un ancien capitaine de cavalerie devenu aveugle et manchot à la suite de la malencontreuse manipulation d'une grenade, n'a jamais cessé d'être un grand amateur de femmes. Il refuse son infirmité, la cache sous une agressivité constante et ne devine plus la présence des femmes qu'à la fragrance de leur parfum. Il doit se rendre à Naples et Giovanni [rebaptisé par lui et un peu par dérision Chichio], un jeune militaire du contingent, est chargé de l'accompagner et de le guider jusqu'à sa destination. Le jeune homme est certes impressionné par son supérieur, non seulement par l'argent qui dépense et gaspille mais par la comédie qu'il joue pour masquer aux autres et peut-être à lui-même ce handicap qui pourrit sa vie. C'est vrai qu'il est en constante opposition aux autres, à sa vieille tante chez qui il vit et trouve dans ce jeune soldat un bouc émissaire idéal sur qui il va reporter toute cette violence contenue faite d'insultes et parfois de coups... qui, au départ il file doux mais finit rapidement par se rebeller, à sa façon. Il découvre dans ses affaires une photo de femme et un pistolet, deux choses qui, pour un aveugle, sont parfaitement inutiles.

 

C'est qu'il a un rendez-vous mystérieux à Naples pour abattre un homme, ainsi qu'il le révèle au jeune homme incrédule. On le retrouve dans cette ville, chez Vincenzo, un lieutenant, aveugle lui aussi, et il y retrouve Sara, une jeune fille qui a toujours été amoureuse de lui. On sent bien qu'il la désire puisqu'il ne peut résister à une femme, mais la repousse cependant. Il y a dans leurs relations une sorte de résumé en filigranes de sa vie devenue insupportable, puisqu'il se considère lui-même, et malgré l'image qu'il veut donner de lui, comme un homme fini, une véritable épave! Il est à la fois drôle et cruel!

 

Il festoie avec Vincenzo dont on suppose qu'il est l'ami, mais c'est en fait lui qu'il est venu tuer pour une raison obscure, mais le manque.

 

J'avoue que j'aime beaucoup le cinéma italien de cette époque, ce personnage en particulier, à la fois homme et monstre, qui le sait, qui est sans demi-mesure, qui refuse l'aide et l'amour authentique que lui offre Sara, lui préfère, mais en apparence seulement, la jouissance qu'il peut trouver en compagnie des autres femmes [« Le sexe, les cuisses, de belles fesses : voilà la seule religion, la seule idée politique, la vraie patrie de l'homme »], qui joue ce rôle suicidaire presque jusqu'à la fin, mais finira par accepter le bras de cette femme qui ne voit que lui et sans doute par s'appuyer définitivement sur elle parce qu'il comprend sans doute tout l'aspect délirant du personnage qu'il s'est lui-même crée, parce qu'il ne peut jouer jusqu'au bout ce jeu de la solitude qui va le précipiter dans la mort. C'est que Fausto est devenu solitaire, marginal du fait de son état. Il sait que cela est définitif et débouchera forcément sur le néant, mais il tente, une dernière fois fois peut-être, de se jeter dans l'alcool et le plaisir, mais cela semble être sans issue. Il croît à peine un prêtre de ses amis qui lui affirme que le salut de son âme passe par cette infirmité quotidienne.

 

Il me semble que le parcours qu'il réalise en train de Turin où il habite à Naples en passant par Gênes et Rome [deux villes que tout oppose], en compagnie de Gioanni, est allégorique et préfigure celui qui va lui faire admettre que Sara et l'amour authentique qu'elle lui porte, sont sa seule planche de salut en ce monde et qu'il n'y en a pas d'autre. A la fin, il s'en remet à elle, et à elle seule, pour cheminer dans une nature hostile dans laquelle il ne pourra se débrouiller seul. C'est un peu comme s'il acceptait enfin ce qu'il avait toujours refusé jusqu'à présent, la pitié!

 

Il y a dans ce film une émotion réelle, une violence, une douceur et un réalisme qui ne peuvent me laisser indifférent, le tout servi par un jeu d'acteurs exceptionnels, Victorio Gassman, évidemment, mais aussi Allsendro Momo [Giovanni] et Agostina Belli[Sara].

 

 

 

 

 

©

Hervé GAUTIER – Juillet 2009.http://hervegautier.e-monsite.com

Hervé GAUTIER – Juillet 2009.

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